Là la recette de Speranza ressemble à un tiramisu ou à une lasagne, doit être construit en couches. Les ingrédients sont : un litre d’Engagement, une boîte de fiches Ténacité, deux cuillères de Confiance en soi et deux de Confiance dans les autres, un verre de Joie vraie, deux cubes de Patience, une fiole d’Esprit Vital, un cube de « quoi Je vaux», une pincée de Transcendance. «Dans un bol, fouettez les deux types de Confiance avec Joie et Patience avec un fouet. Ajoutez le mélange à Commitment et enfin ajoutez le Spirito Vitale et mélangez le tout, il doit être fluide. Dans une poêle, commencez à réaliser les couches en alternant les feuilles de Tenacia avec le mélange préparé jusqu’à épuisement des ingrédients. »
Ceci et d’autres « recettes de mots » très spéciales sont le cœur du roman. Les fleurs ont toujours raisonGarzanti, début narratif de Roberta Schira, critique gastronomique avec une quinzaine de livres « gastronomiques » à son actifcollaborateur du Corriere della Sera et professeur à l’Académie italienne de l’alimentation.
Comment est née cette idée, ce nouveau look ?
J’ai toujours été intéressé par les comportements autour de la nourriture, des rituels, du langage corporel à table et du bon ton comme point de départ pour parler du goût, de ce qu’on aime, de ce qui nous réconforte. La nourriture et sa relation avec l’âme humaine. Ce n’est pas un hasard si j’ai un diplôme en Lettres avec une spécialisation en psychologie. Il a fallu le confinement pour trouver la concentration nécessaire et écrire un roman que j’avais en tête depuis vingt ans. Sortez donc de l’étagère « Divers ».
Roman de femmes. Qui est le protagoniste ?
Eleonora, une cheffe de trente ans née avec le don d’un palais exceptionnel, capable de lire le monde à travers le goût et l’odorat, qu’elle a aujourd’hui perdu. C’est une véritable chute, un effondrement puis une remontée : Les fleurs ont toujours raison est une histoire de renaissance. Et puis il y a grand-mère Ernesta, une femme incroyable, si brillante, charismatique et pleine de force vitale qu’elle entreprend mille projets, mais ne les mène souvent pas à son terme…
Mais c’est une source d’inspiration pour sa nièce.
Oui, cela lui apprend que cuisiner, c’est plus que cuisiner, c’est un acte de guérison pour les autres et pour soi-même. Les recettes d’Ernesta, qu’Eleonora pourra chérir, aident à vivre, et il y a aussi une pincée d’ironie à l’intérieur. Celui sur l’Attente, par exemple, m’apprend aussi quelque chose, car je suis chroniquement impatient. J’aimerais que les jeunes filles (mes lectrices, j’espère) les trouvent utiles.
L’amour perdu Marc, Arnaldo le père adjoint, le surprenant Étienne… Les hommes sont là, en retrait. Est-il vrai, au moment où vous écrivez, que vous apprenez (aussi) à vous connaître en les emmenant dîner ?
Eleonora pourra se relever seule, non grâce au soutien d’un homme, même si l’amour – et, dans son cas, aussi l’affection d’une équipe de cuisine – donne le bon goût à la vie. Les hommes ne se connaissent pas ainsi, certes, mais c’est une vérité scientifique : à table, au bout d’un quart d’heure, les défenses se relâchent. Vous lâchez prise. Et là, vous pouvez comprendre si vous êtes vorace, autoritaire, généreux. Quels restaurants fréquentez-vous, quelle culture avez-vous… Le tableau est révélateur. Par exemple, l’étiquette veut que le client paie l’addition, que ce soit lui, donc vous ne pouvez certainement pas rejeter un homme qui vous laisse payer, mais si pendant tout le dîner il ne fait même pas le geste de vous servir le vin, peut-être pensez-vous : est-ce que quelqu’un comme celui-là sera attentif à mes besoins ?
La nourriture est-elle différente pour les femmes et les hommes ?
Pour les femmes, la relation est plus ambiguë : dans la vision traditionnelle, ce sont elles qui cuisinent pour s’occuper, aujourd’hui ce n’est plus nécessaire, pas du tout obligatoire. Pourtant, s’ils ne le font pas, ils se sentent souvent coupables et incomplets. De plus, il y a tellement de régions du monde où ils ne peuvent pas choisir. »
Et elle?
Je me suis divisé en deux. Quand je suis à Milan, je ne cuisine pratiquement pas : en tant que critique gastronomique, je suis toujours en déplacement, je découvre de nouveaux restaurants, je vais au théâtre… Je vis frénétiquement. En Ligurie, cependant, j’ai une maison où je cultive un potager et je cuisine, j’expérimente, je pratique, je suis heureux de préparer. Mais aussi de goûter ce qui est préparé avec amour pour moi. La réciprocité s’applique, comme dans la recette de la Cucinathérapie.
Des repères par écrit ?
Ruth Reichl du New York Times, critique gastronomique, le plus grand, et en même temps écrivain. Le livret de formation, La vie devant toi par Romain Gary, qui m’a appris à quel point la diversité est une opportunité. Sur la table de chevet, Albert Camus La chute et Thomas Bernard, Perturbation.
Il n’y a pas que des « recettes de mots », dans le roman il y a aussi des maximes presque zen.
Au début je n’en avais écrit que quelques-uns, mon éditeur les lisait : « Comme c’est beau, il nous en faut trente-cinq, un pour chaque chapitre ». Pas facile! (des rires).
Cet vous vous souvenez de certains d’entre eux.
« Si vous ne comprenez pas pourquoi une personne est trop dure avec vous, faites la même chose qu’avec le gâteau au chocolat. Cherchez le cœur tendre qui est en elle. » «Pour vous rappeler qu’on peut toujours renaître, mettez les restes d’une branche de céleri dans un verre. Bientôt, vous verrez des racines germer. » «Pour apprendre à attendre, à faire du pain et à le regarder lever». Nous le ferons.
iO Donna © TOUS DROITS RÉSERVÉS