Par Sébastien Bauer
Le compositeur belge Godfried-Willem Raes construit des automates musicaux depuis des décennies. Dans « Loi Zéro », 50 d’entre eux jouent désormais dans l’atelier de menuiserie du Deutsche Oper.
Il bruisse, sonne et bourdonne dans l’atelier de menuiserie du Deutsche Oper. Une forêt de tuyaux d’orgue crée des sons sphériques dignes d’un film de science-fiction dans la pénombre de la scène, un saxophone s’annonce timidement du coin et, plus clairement, 150 cloches de vache venues de Suisse.
Mais au lieu d’artistes en chair et en os, ce sont des musiciens faits d’acier inoxydable, de circuits électromagnétiques et de puces informatiques qui répètent ici. Le professeur et inventeur belge Godfried-Willem Raes (71 ans) construit depuis des décennies l’orchestre de 50 robots.
Dès aujourd’hui, la pièce musicale « Zeroth Law » du collectif gamut inc est au programme. Le Chœur de Chambre de Rias, deux danseuses et l’actrice Ursina Lardi sont également présents. L’œuvre, qui traite de l’auteur de science-fiction Isaac Asimov, s’intègre parfaitement à l’orchestre des robots.
Même y arriver était un défi. Un camion de 20 tonnes a amené les 50 musiciens symphoniques mécaniques à Berlin. L’orgue quart de ton et ses 144 tuyaux pèsent à lui seul 280 kilogrammes, comme le rapporte le constructeur Raes en caressant fièrement sa longue barbe. Il a travaillé sur la machine pendant deux ans et demi.
« Je fais tout moi-même, même les soudures », révèle le musicien. ” Je suis allé dans une usine et on m’a appris cela pendant une semaine. ” Il a également appris à fabriquer lui-même les tuyaux d’orgue et toute l’électronique. Raes : ” J’ai même écrit les programmes. “
Le Belge devient ingénieur en mécatronique musicale en 1968 lorsqu’il écrit une pièce pour cinq musiciens à des tempos différents. Il déclare : « Mais un chef d’orchestre n’a que deux mains. J’ai donc construit une machine capable de faire cela.
Les saxophones, pianos, etc. Robo sont finalement nés du désir autrement inassouvi de pouvoir jouer parfaitement de tous les instruments. Raes s’est rendu compte à un moment donné : « Comme les humains, les machines font aussi des erreurs. Le contrôle du micromoteur est extrêmement compliqué.
Néanmoins, la salle des machines musicales est impressionnante. Même si nous n’en sommes qu’à nos balbutiements, comme l’admet Raes : « Je ne nous vois pas jouer la Neuvième de Beethoven avec des robots dans les vingt prochaines années. »
Du mercredi au 29 septembre, Deutsche Oper (Menuiserie), Bismarckstr. 35, 20/10 euros