D’abord dû 25,83 euros, maintenant 1 315,21 euros de frais : les conséquences imprévues qu’une facture impayée peut avoir

De nombreuses personnes vont accumuler les frais de rappel et d’huissier cet hiver en raison de factures d’énergie impayées. Les fournisseurs d’énergie ne devraient-ils pas être plus flexibles en pleine crise énergétique ? « Si rien ne change, davantage de personnes risquent de se retrouver dans une spirale de pauvreté. »

Kelly Van Droogenbroeck20 septembre 202218h30

« Je pensais que toutes mes dettes étaient enfin remboursées, mais à cause de mes factures d’énergie qui augmentent, tout recommence. » Roxanne* (33 ans) est mère célibataire de deux enfants et enceinte d’un troisième. La première fois qu’elle a été endettée, c’est lorsque son partenaire s’est avéré avoir une série de factures impayées. À l’époque, Roxanne avait déjà contacté MyTrustO, une agence de conseil en dette étroitement associée à Movement.net. Ils l’ont aidée, elle et son partenaire, à rembourser leurs dettes.

Alors que tous les soucis semblaient s’être évanouis, le compagnon de Roxanne la quitta et on lui donna une facture d’énergie finale de 1 975 euros, un montant qu’elle ne peut pas payer seule. « Je travaille actuellement à temps partiel et mon salaire est de 1 200 euros. Je suis également indépendant dans une activité secondaire, mais je ne gagne pas beaucoup d’argent. Je dois aussi payer une hypothèque. Roxanne a de nouveau frappé sur MyTrustO, et a reçu un plan de paiement de 165 euros par mois. Un soulagement, mais cela ne dissipe pas ses soucis. « Entre-temps, ma facture d’acompte est passée de 270 à 1 140 euros. Et parce que j’ai un plan de paiement, je ne suis pas autorisé à faire une nouvelle proposition moi-même.

spirale de pauvreté

L’expérience de Roxanne avec le paiement de la dette pourrait la protéger pour le moment d’un nouveau dérapage de la dette. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. MyTrustO a déjà mis en place une hotline en mars, notamment pour les personnes ayant des dettes énergétiques montantes. Les CPAS reçoivent également depuis des mois de plus en plus de questions de la part des habitants sur ce qu’il faut faire s’ils ne peuvent pas payer leur facture d’énergie, explique Nathalie Debast, porte-parole de l’Association des villes et communes flamandes (VVSG). « Et ce sont des gens qu’on ne voyait pas au CPAS par le passé, par exemple de la classe moyenne inférieure. Si rien ne change maintenant, davantage de personnes se retrouveront bientôt dans une spirale de pauvreté. Et puis c’est beaucoup plus difficile pour les CPAS de les faire sortir. Une nouvelle extension temporaire du taux social est nécessaire.

Une facture impayée peut rapidement faire bouger les choses. Movement.net a collecté 116 exemples anonymes de frais déraillé auprès des huissiers avant la crise énergétique. Il s’agit souvent de factures commençant à quelques centaines d’euros et allant jusqu’à plus de mille euros. Mais il y a aussi des cas plus graves. Par exemple, il y a un exemple de quelqu’un qui devait 25,83 euros, mais qui doit déjà payer entre-temps 1 315,21 euros de frais de mise en œuvre.

Plan de paiement non requis

En ces temps de profits pour les compagnies énergétiques, de tels montants semblent encore plus absurdes. Mais en principe, les fournisseurs d’énergie ne font rien d’illégal. Si vous ne payez pas votre facture d’énergie dans les quinze jours, vous recevrez un rappel de paiement. Si rien ne se reproduit dans les quinze jours suivants, le fournisseur enverra une mise en demeure. Si les termes et conditions du contrat le permettent, le fournisseur d’énergie peut facturer des frais de perception et des intérêts à chaque étape. Après cette « phase amiable », le fournisseur d’énergie peut faire appel à un huissier, une société de recouvrement ou un avocat. Si le paiement n’est toujours pas effectué, l’affaire se retrouvera devant les tribunaux, avec des frais de justice en conséquence.

Les frais de la phase amiable sont limités par la loi. « Bien que cette loi soit assez flexible », déclare Simon November de Test Aankoop. « C’est pourquoi nous recommandons toujours de ne pas en arriver là et de négocier un plan de versement dès le premier rappel de paiement. » Notez que le fournisseur d’énergie n’est pas du tout obligé d’accepter le plan de paiement proposé. Des organisations telles que l’OCMW (gratuit) ou MyTrustO (payant) peuvent aider dans de tels cas en faisant la médiation.

Plus de respect

Mais au milieu de la crise énergétique, la question est de savoir dans quelle mesure les fournisseurs d’énergie sont accessibles et conviviaux. Dans un tweet, l’actrice Hilde Van Mieghem a noté comment son fournisseur d’énergie lui avait demandé de payer au premier rappel sur un ton assez menaçant. Debast constate que les CPAS ont également le plus de mal à joindre les fournisseurs : « Leurs centres d’appels sont pratiquement inaccessibles pour les clients et les prestataires de soins. Nous exigeons que les fournisseurs d’énergie les traitent avec respect dès que possible.

Cet automne, un projet de loi du ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) est sur la table du gouvernement fédéral. Cette loi rendrait le premier rappel gratuit dans tous les secteurs et plafonnerait le coût du deuxième rappel. Mais ce n’est pas assez rapide, estime Vooruit. Les socialistes flamands ont donc présenté la semaine dernière cinq propositions pour s’attaquer immédiatement aux dettes résultant de la crise énergétique. L’une consiste à exempter les consommateurs des frais de recouvrement supplémentaires tant qu’ils négocient un plan de versement.

La Fédération des entreprises belges de l’électricité et du gaz (FEBEG) ne réagit pas avec beaucoup d’enthousiasme aux projets du gouvernement. Selon le directeur général Marc Van den Bosch, les fournisseurs d’énergie adoptent déjà une approche plus flexible en accordant des plans de paiement gratuitement et en tenant compte de la capacité de paiement. Il existerait également déjà des lignes téléphoniques et des adresses e-mail spéciales pour les travailleurs humanitaires, mais elles ne sont pas encore suffisamment connues.

* Roxanne est un pseudonyme.



ttn-fr-31