Cutro, parmi les victimes du naufrage également capitaine de l’équipe nationale de hockey du Pakistan

Il s’appelait Shahida Raza, il avait 27 ans et appartenait à l’ethnie Hazara, persécutée par l’Etat islamique.

Il n’y a pas de morts en Serie A et Serie B. Des tragédies comme celle qui a vu la mer devant Cutro faire des dizaines de victimes innocentes, traverser les frontières et transcender les races, les croyances, la couleur de peau. Il unit tout le monde dans une étreinte macabre. Parmi les 67 morts lors du voyage de l’espoir transformé en ferry vers l’au-delà figurait également Shahida Raza, une jeune footballeuse mais surtout capitaine de l’équipe nationale féminine de hockey sur gazon du Pakistan, l’un des sports nationaux, héritage du colonialisme britannique.

Hazaras

Shahida, dit Chinto, 27 ans, était de l’ethnie Hazara, une population persécutée depuis un certain temps, dans le collimateur de nombreuses attaques du soi-disant Etat islamique. Ils étaient autrefois le groupe ethnique prédominant en Afghanistan. Entre 1891 et 1893, le dirigeant afghan de l’époque, Amir Abdur Rahman Khan, a tué plus de 62 % de la population hazara, les persécutant avec une violence brutale, des massacres, des viols, des pillages, de l’esclavage et des conversions forcées. Certains ont ensuite émigré au Pakistan. Aujourd’hui, ils sont victimes d’un génocide ignoré du monde. L’attaque du 30 septembre 2022, au cours de laquelle plus de 53 jeunes étudiants et étudiantes hazaras, pour la plupart des femmes, ont été tués dans le centre d’éducation Kaaj à Kaboul, n’est que la dernière d’une longue traînée sanglante. Plus de 700 Hazaras ont été tués dans 13 attaques de l’EI en un peu plus d’un an.

Football

Shahida, comme mentionné, était également footballeur. Il jouait pour Balochistan United à Quetta depuis huit saisons, une équipe devenue célèbre pour avoir tenté d’unir différents groupes ethniques au nom de l’intégration dans une nation où cela pourrait même vous coûter la vie. Le Balouchistan est aussi une région du Pakistan qui lutte depuis longtemps pour se détacher de la République islamique. Chinto était la mère d’une petite fille qui, selon les premières informations, n’était heureusement pas à bord du bateau coulé. La nouvelle du décès a été confirmée par la Fédération pakistanaise de hockey. Un nom, un visage, encore un coup de poignard au cœur de l’espoir.



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