La cryptographie doit être relancée sans hésitation. L’Italie ne peut pas rester les bras croisés. Il y a quelques jours à peine, le président français Emmanuel Macron a annoncé : La France a envoyé le premier message diplomatique crypté avec un cryptage post-quantique. Sur ce genre, les États-Unis se sont engagés à établir de nouvelles normes depuis des années. Du point de vue italien, cependant, la question semble se limiter au débat entre initiés. Rien de plus faux. Il y a des systèmes de protection pour la sécurité nationale en jeu. Comme l’a démontré Macron.
Le Centre National qui n’existe pas
En 2017, la Présidence du Conseil des ministres a adopté le « Plan national de cyberprotection et de sécurité de l’information » et a reconnu la nécessité de mettre en place un « Centre national de cryptographie ». Il devrait s’engager dans la conception de chiffrement, construire un algorithme national et une blockchain, effectuer des évaluations de sécurité. Le débat dure depuis un certain temps et le Parlement l’a demandé à plusieurs reprises. Mais le Centre n’a jamais vu le jour. Resté sur le papier, le chiffrement reste ainsi relégué au second plan.
Des risques à ne pas sous-estimer
« L’échec de la mise en place du Centre National de Cryptographie laisse à découvert toutes les applications où la cryptographie n’agit pas exclusivement comme un outil de cybersécurité. Un acteur institutionnel de référence est indispensable. D’autant plus face à la menace que représentent les ordinateurs quantiques capables de casser une partie de la cryptographie moderne». Pour parler est Massimiliano Sala, directeur du laboratoire de cryptographie à l’Université de Trente. Un luminaire, un point de référence pour toute la communauté cryptographique italienne. L’inquiétude est la sienne et celle de la communauté scientifique.
L’ASBL d’initiés est née
De Componendis Cifris, le traité de Leon Battista Alberti, de 1466 représente le tournant de la technique cryptographique occidentale. C’est aussi le nom du groupe de plus en plus nombreux de scientifiques, universitaires, passionnés et initiés, engagés depuis 2017 à faire connaître et reconnaître la valeur de la cryptographie. Dirigée par le professeur Sala, De Componendis Cifris vient d’être constituée en association reconnue, association à but non lucratif, dotée de la personnalité juridique, à l’initiative d’une cinquantaine de membres fondateurs. Prête à relancer son combat chaque jour.
Objectifs de terrain
« L’espoir alors, qui n’a jamais échoué, est que l’Italie puisse développer des chiffrements robustes et flexibles, adaptés à l’ère moderne. Nous voulons donc aussi faire émerger des talents dédiés aux sciences cryptographiques » observe le président de De Cifris. Mais les perspectives sont infinies, pas seulement la sécurité. En France, par exemple, en novembre, une équipe de chercheurs a décrypté une lettre de 1547 écrite en code : le roi d’Espagne et empereur romain germanique, Charles Quint, a révélé à son ambassadeur en France des craintes d’un complot visant à le tuer. Réussir avec le Centre National à multiplier et développer la cryptographie entre les institutions, le milieu universitaire et les entreprises est le pari final.