Quiconque n’a jamais côtoyé le monde rêveur de Bella Union trouvera désormais la bonne clé pour y entrer avec le numéro de catalogue 1521. D’une part, ce disque sonne comme s’il avait été enregistré uniquement pour le label Brighton. En revanche, il est loin de ce qu’on pourrait appeler une peinture par numéros, et combine plutôt une grande variété d’influences qui s’imbriquent si harmonieusement qu’elles éclipsent un instant le reste de la discographie du label. Le morceau d’ouverture, baptisé de façon révélatrice « The Pleasant Grey », rappelle les fondations de la compagnie posées par son co-fondateur Simon Raymonde comme bassiste et claviériste des Cocteau Twins, et on attend la voix éthérée de Liz Fraser – mais feuilletée !
Ici tu ressens plus d’espoir que de désespoir
Tim Smith, autrefois chanteur et auteur-compositeur de Midlake, se rapproche d’une décennie musicale avec son nouveau projet. Alors que son groupe s’inspire des années 70, les sons des années 80 dominent désormais. Une mer de guitares électriques et acoustiques, des sons de clavier doux et légers, ainsi que sa merveilleuse voix et parfois des cuivres subtils. Smith, qui a fondé Harp avec sa femme, Kathi Zung, écoute « Faith » depuis des années, la « phase grise » de The Cure, pour ainsi dire. Il faut traverser le brouillard pour atteindre la lumière – et ici on ressent plus d’espoir que de désespoir.
Bien que Smith vive en Caroline du Nord, il a développé un faible pour la Grande-Bretagne, c’est pourquoi un poème de William Blake a servi d’inspiration pour “Daughters Of Albion”. Là encore, on ressent une grande nostalgie américaine, on entend des influences des années 70, Crosby, Stills, Nash & Young, Americana. Du psychédélisme Kraut à la Macchabées, voire Barclay James Harvest. Vous pataugez dans le brouillard, cueillez de belles choses en cours de route – et voilà, l’album se termine par les lignes : « Tranquillement, le chagrin me fuit / Brillant comme le jour, l’âme ne pleure plus / Je suis la graine / J’attends, Je t’attends.