Creuser à travers Netflix : 5 versions qui sont passées trop inaperçues


Le rythme des sorties de Netflix est écrasant. Même si en 2023 la fréquence baisse un peu, la plupart des mois c’est autour d’une centaine de titres entre séries, films et documentaires. Si l’on ajoute à ce volume ceux des autres plateformes, la facilité avec laquelle des films qui à une autre époque auraient attiré l’attention du public et des médias – du fait du réalisateur, du casting, des récompenses en festivals, du bouche à oreille ou simplement par la publicité des distributeurs – languissent désormais dans les catacombes des catalogues. Nous vous proposons cinq titres à récupérer :

L’étranger (Thomas M. Wright)
Présenté aux festivals de Cannes et de Sitges et sorti en catimini en octobre dernier, le deuxième film en tant que réalisateur de l’Australien Thomas M. Wright est l’un des meilleurs thrillers de 2022. Une histoire très sombre, basée sur un cas réel d’enlèvement et de meurtre survenu en 2003 dans le Queensland (Australie), avec un duel d’acteurs superlatif entre Joel Edgerton (‘The Gift’, ‘Loving’) et le toujours inquiétant Sean Harris (‘Macbeth’, ‘The King’). A travers une mise en scène oppressante et une narration très sobre, qui combine efficacement deux lignes temporelles, ‘The Stranger’ dévoile peu à peu l’intrigue et l’identité des personnages, créant une atmosphère sordide et dépressive pleine de mystère et d’intrigue. Un titre à revendiquer désormais. 8.5.

Athéna (Romain Gavras)
Le fils de Costa Gavras (et le nouveau petit ami de Dua Lipa) a eu du mal à se lancer en tant que cinéaste. Jusqu’à présent, ses longs métrages (‘Our Day Will Come’, ‘The World Is Yours’) n’ont pas été à la hauteur de ses clips acclamés pour Justice (‘Stress’) ou MIA (‘Born Free’, ‘Bad Girls’) . . Avec ‘Athéna’, il semble avoir trouvé sa place. Virtuose de la mise en scène (attention au plan séquence d’ouverture), ce thriller d’action incendiaire lui va comme un gant. Gavras n’est pas un conteur très subtil, et ici il n’a pas besoin de l’être. L’histoire (écrite avec l’auteur de ‘Les Misérables’ Ladj Ly) est assez simple : le déclenchement d’une émeute dans une banlieue va entraîner un affrontement entre trois frères, un dealer, un policier et le chef de l’insurrection. Mais sa traduction à l’écran est fabuleuse. Gavras transmet toute la fureur et la rage déchaînées dans la révolte grâce à l’utilisation spectaculaire d’une chorégraphie d’action massive et d’une puissance visuelle écrasante. 8.

Nuit de feu (Tatiana Huezo)
Le cinéma mexicain vit l’un des meilleurs moments de son histoire. Outre les noms établis -des oscarisés Iñárritu, Del Toro et Cuarón à des auteurs comme Amat Escalante, Carlos Reygadas ou Michel Franco- chaque année, de nouveaux titres très intéressants apparaissent : « Je ne suis plus là », « Sans signes particuliers ‘, ‘ Huesera’ (en attente de première après avoir triomphé à Sitges)… ‘Night of Fire’ en fait partie. Le film de la documentariste Tatiana Huezo raconte l’histoire de trois amis qui grandissent dans le pire scénario possible : une ville des hauts plateaux mexicains contrôlée par des trafiquants de drogue où la violence contre les femmes est une menace constante. Par une utilisation très expressive du son et du hors-champ, le réalisateur recrée avec une grande subtilité et une énorme tension dramatique l’atmosphère de peur et d’impuissance dans laquelle vivent les filles, obligées de se déguiser en garçons pour éviter d’être kidnappées. formidable. 8.

L’ange de la mort (Tobias Lindholm)
C’est celui qui a été le plus vu des cinq propositions. Dans son premier long métrage aux Etats-Unis, le Danois Tobias Lindholm a une nouvelle fois montré qu’il est un fabuleux conteur. Lindholm est surtout connu pour être le scénariste des films de Thomas Vinterberg (‘Another Round’, ‘The Hunt’), mais il est aussi le réalisateur de deux grands films : ‘Kidnapping’ et ‘A War’ (disponible sur Filmin). Dans « L’ange de la mort », Lindholm raconte l’histoire de l’infirmière meurtrière Charlie Cullen à travers le point de vue de l’infirmière qui a permis à la police de l’arrêter. S’appuyant sur les performances de ses deux protagonistes (l’excellente Jessica Chastain, dérangeant Eddie Redmayne malgré un éclair de cabotinage), le réalisateur livre un thriller tendu et sombre, aussi muet que les crimes perpétrés par Cullen. Un excellent drame criminel qui met l’accent sur les défaillances du système de santé américain, où le business prime sur toute éthique ou morale. 7.9.

Les journaux d’Andy Warhol (Andrew Rossi)
En 1968, l’activiste féministe Valerie Solanas (plus tard diagnostiquée schizophrène) a abattu Andy Warhol dans son studio. L’artiste lui a miraculeusement sauvé la vie. Après cet événement, Warhol, qui était déjà devenu une célébrité dans le monde de l’art à cette date, se mit à tenir un journal, des mémoires qu’il dicta au téléphone à sa secrétaire Pat Hackett. Après sa mort en 1987, Hackett a publié une édition de ces journaux (en espagnol dans Anagrama). La mini-série documentaire ‘The Andy Warhol Diaries’ s’appuie sur les écrits de l’artiste pour faire un voyage révélateur et visuellement attrayant à travers les dix dernières années de la vie de Warhol, celles au cours desquelles il est devenu un homme d’affaires assidu prospère au Studio 54. La série contraste les souvenirs (pas toujours fiables) de l’artiste avec des témoignages d’amis, de collaborateurs et d’historiens de l’art. Tout pour répondre à une question : qui était la personne qui se cachait derrière le personnage à l’expression hiératique et à la perruque platine du nom d’Andy Warhol ? 7.5.



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