Credit Suisse: la Banque nationale suisse doit intervenir pour stopper la boucle catastrophique à trois


La faillite survient progressivement puis soudainement, écrivait Ernest Hemingway. Le Credit Suisse semblait perdre sa réputation de la même manière. Les actions du prêteur suisse, leader du marché européen dans le domaine de l’échec de la gestion des risques, se sont effondrées jusqu’à 30% mercredi.

La cause immédiate est que le principal actionnaire de la banque, la Banque nationale saoudienne, a rejeté les suggestions selon lesquelles il devrait injecter de nouveaux capitaux. Ce n’était que la dernière d’une cavalcade de mauvaises nouvelles, y compris les scandales Greensill et Archegos.

C’est maintenant à la banque centrale suisse qu’il incombe de rassurer les investisseurs, aussi nébuleux soient-ils, comme l’a demandé le Credit Suisse.

Le Credit Suisse est dans une situation épouvantable. À mesure que la panique grandit, le prix des swaps sur défaillance de crédit qui assurent contre le non-paiement des emprunts augmente également. Le prix du CDS à un an s’est envolé à plus de 1 000 points de base. Cela, combiné à la chute des actions, effraiera les déposants, en particulier dans la branche clé de la gestion de patrimoine.

Plus les clients retirent de dépôts, plus l’assurance contre les défauts sera chère. Ensuite, plus les actions chuteront – elles se négocient déjà à seulement 15 % de la valeur comptable – et moins un retournement sera probable.

Le Credit Suisse a beaucoup de capital. De plus, elle a couvert son risque de taux sur les titres détenus jusqu’à leur échéance. Sur une moyenne de trois mois, les patrons affirment que la banque a un ratio de couverture des liquidités de 150% des pertes des tests de résistance. C’est beaucoup, bien que bien en deçà d’un pic de 221 % au troisième trimestre de 2021.

La menace qui pèse sur la banque suisse cantonnée au sein du Credit Suisse, avec ses dépôts domestiques collants, peut encore sembler un risque lointain. Mais sa centralité en fait aussi une vulnérabilité. La quasi-totalité du bénéfice avant impôts du Credit Suisse l’an dernier, et très probablement cette année, en découle. Cette unité, et non la participation saoudienne, est la pierre angulaire du Credit Suisse.

La panique peut submerger n’importe quelle banque. L’effondrement de trois banques américaines la semaine dernière signifie que la contagion est dans l’air. La Banque nationale suisse et le régulateur bancaire local Finma doivent intervenir et rallier le sentiment. C’est ce à quoi la première ministre française Élisabeth Borne faisait allusion dans ses commentaires mercredi. Elle avait raison de le faire.

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