Il n’y a pas si longtemps, je ne sais trop comment, mes amis et moi nous sommes retrouvés à un après-midi où jouait Ojete Calor. Le duo a ses chansons plus ou moins drôles, mais ça c’était une grosse fête, bien remplie, hilarante, dont ils ont dû nous virer à coups de balais. Une super session avec de la voix « live » où il n’était pas très clair si on préférait leurs tubes ou ceux des autres : ils ont joué le chant de Noël de Mariah Carey en plein mois de juin !
On peut en dire autant de Russian Crab, qui n’a fait que gagner plus d’adeptes depuis ses débuts « State of Malaise ». Son humour n’est parfois pas des plus intelligents, on peut perdre du temps à essayer d’expliquer que la perte de Las Bistecs est un grand malheur car ils tournaient beaucoup plus finement. Mais ça n’en vaut pas la peine. Parce que chaque jour, vous vous retrouverez au premier rang d’on ne sait où à crier, comme si votre vie en dépendait, que « regardez cette photo où le roi de la pop a fait la vaisselle avec McCartney, Paul ».
La comparaison du deuxième album de Ladilla Rusa avec une session de DJ n’est pas anodine. Les références à des éléments de la culture pop dans ses paroles et ses mélodies sont telles qu’elles sonnent presque comme des échantillons. Quand ce ne sont pas des récréations. ‘The Famous too’ est un merengue qui imagine la vie de Sharon Stone, Harrison Ford, Robert de Niro ou Whoopie Goldberg au point qu’ils devraient réclamer un copyright. ‘Conchi Coach’, avec Alba Rihe de Las Bistecs, s’inspire de Las Ronettes et de ‘Ritmo de la noche’, et cite également La Prohibida avant que La Prohibida n’apparaisse pour chanter un texte sur l’air de ‘Baloncesto’, jusqu’au point que Víctor Algora devrait exiger un droit d’auteur.
« A un meter medio de ti » est une techno-rumba pandémique, type Camela, qui utilise le verbe « camelar ». Et « Chaque jour le même » est défini comme « le grand hymne du travailleur ladillo », avec une inspiration apparente dans le grand succès de María Isabel. Parce qu’on est venu pour danser et qu’on a le droit de faire la fête, comme disaient les Beastie Boys.
On ne peut pas dire que musicalement ‘Costumbrismo Mágico’ ne soit pas aventureux, car en plus de tous les genres susmentionnés, le punk apparaît dans ‘Club de petanca’ et ‘La padrina’ est présenté comme « une tarentelle napolitaine » à propos d’une dame de Lleida qui Elle est à la fois pâtissière et trafiquante de drogue. Albert Pla fait partie des invités impossibles sur ce thème, comme Leonardo Dantés l’avait été dans « The Famous Too ».
Et même ainsi, l’album a son unité, qui n’est autre que le museau et le nerf que déploie le projet de Víctor F Clares et Tania Lozano, avec Ignacio Miranda en charge de la musique. Morro qui leur permet de dédier ‘Qué ladilla’ à l’extrême droite, de pisser ici (‘Chaque jour la même chose’), des hymnes d’empowerment comme ceux d’Almodóvar ou de Carlos Berlanga (‘La puta (m)amá’ est comme ‘La killer official’ chanté par Chus Lampreave) et des singles certifiés or ou platine. « Kitt et les voitures du passé », avec un Ganglio jouant Kitt et son clin d’œil de travesti, est clairement un classique de la pop espagnole.