Alors que les émeutiers ont gâché le réveillon du Nouvel An dans plusieurs villes belges, la situation est restée relativement calme en France. Nos voisins du sud envoient de plus en plus de personnes bleues dans les rues, et cela semblait être un bon plan le week-end dernier. Mais tous les experts belges ne sont pas convaincus par cette approche : « En matière d’incidents, la France reste championne ».
Ce n’est jamais une bonne nouvelle que 745 voitures prennent feu en une nuit, mais le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est soulagé lorsqu’il en parle le jour de l’An. La transition de l’année a été beaucoup plus calme que les années précédentes.
« Seulement » 380 personnes ont été arrêtées dans tout le pays, soit 100 de moins qu’un an plus tôt. Le nombre de policiers blessés lors de ces interventions a chuté de 40 pour cent. Cependant, les festivités ont été bien plus nombreuses, plus d’un million de Français sont venus assister rien qu’au feu d’artifice sur les Champs-Elysées.
Le ministre lui-même attribue la diminution des violences à l’action vigoureuse des forces de sécurité. Plus de 90 000 policiers et 5 000 militaires étaient présents. C’était plus d’un an plus tôt et cela était dû à la menace terroriste. Le niveau de menace le plus élevé est en vigueur depuis le meurtre d’un enseignant en octobre. À l’approche des Jeux Olympiques, le réveillon du Nouvel An était un moment important pour démontrer que les événements de masse peuvent toujours se dérouler en toute sécurité.
Canon à eau
Les forces de sécurité belges suivent sans doute avec une attention accrue la situation française. Dans les grandes villes, les émeutiers ont cherché toute la nuit à affronter les secours. La police bruxelloise a dénombré 100.000 fêtards dans le centre et arrêté 142 personnes. Le Premier ministre Rudi Vervoort a interdit l’utilisation de feux d’artifice et de canons sonores privés, mais cette mesure a été massivement ignorée.
La France a un peu mieux maîtrisé cette situation en effectuant davantage de contrôles préalables et en confisquant également les feux d’artifice à la frontière. Anvers a mis l’accent sur la prévention et a assigné à résidence 31 jeunes le soir du Nouvel An. Néanmoins, toute la nuit à Kiel, des jeux du chat et de la souris ont eu lieu entre émeutiers et policiers. À un moment donné, des canons à eau ont été utilisés pour les disperser et à l’aube, 57 personnes avaient été arrêtées.
Des affrontements avec des unités de police se produisent souvent dans certains quartiers de la ville, mais d’autres services d’urgence ont également été littéralement critiqués cette année. Une ambulance de l’hôpital Sint-Vincentius d’Anvers s’est retrouvée coincée dimanche soir lors d’une intervention médicale. Les jeunes ont tiré sur la voiture avec des feux d’artifice et ont braqué des lasers dans les yeux du conducteur. L’hôpital a porté plainte et souligne que de tels désagréments lors d’une intervention peuvent coûter des vies.
Les pompiers de Bruxelles peuvent en discuter. Plusieurs membres du personnel ont été abattus par des feux d’artifice le soir du Nouvel An, trois d’entre eux souffrant d’acouphènes après qu’un pétard ait explosé à côté d’eux. Il s’agit d’un problème pour lequel, selon Walter Derieuw, porte-parole de la police bruxelloise, il n’existe pas de solution rapide. «Nous visitons les centres de jeunesse et souhaitons également impliquer des influenceurs à l’avenir», dit-il. Le journal.
Problèmes métropolitains
Il est pourtant trop simple de dire que l’approche française est la solution pour sortir de l’impasse. La France a peut-être fait mieux le soir du Nouvel An, mais dans certains quartiers à problèmes, l’écart entre les citoyens et les services de police est encore plus grand qu’ici. Ces dernières années, d’importantes manifestations ont eu lieu contre la violence des forces de sécurité – il suffit de penser aux émeutes massives et aux destructions de l’été dernier.
Yassine Boubout, militant et expert des affaires policières, met en garde contre le simple fait de suivre l’exemple de nos voisins du sud. « En matière d’incidents, la France reste championne », assure-t-il. Selon lui, la violence fait partie d’un problème métropolitain dans lequel certaines personnes vivent dans la pauvreté et ne voient pas d’avenir. «Cela crée un terrain fertile pour des comportements lâches qui ciblent l’ensemble de l’establishment. Cela explique pourquoi les camions de pompiers, par exemple, deviennent également une cible. Ils sont alors le symbole de la ville et des dirigeants qui causent les problèmes.
Boubout reconnaît que les émeutiers doivent être punis, mais il appelle également à des solutions plus durables. Selon lui, investir dans des quartiers où règne une forte insatisfaction sociale peut faire la différence. Même si cela peut paraître moins attrayant que l’approche dure pour les citoyens dont les rues sont bouleversées.
Lorsque Boubout intervient comme médiateur lors de conflits entre jeunes et policiers, il tente de leur faire comprendre qu’un acte imprudent peut avoir des conséquences. « Les adultes peuvent bénéficier d’une ordonnance de travaux d’intérêt général où ils réparent eux-mêmes leurs dégâts. Cela me semble être une bonne sanction.
Mais ceux qui se déchaînent doivent également se rendre compte que leurs actes ont des conséquences qui vont au-delà de la punition ou de l’individu, estime Boubout. « Il faut leur faire comprendre qu’ils cassent leurs propres fenêtres et celles de tout le quartier. Après de tels conflits, la surveillance policière peut s’intensifier, ce qui entraîne de nouveaux problèmes. Ou bien le quartier a une mauvaise réputation et il devient peu intéressant d’y investir. Ils veulent aussi éviter cela.