Conseil : vérifiez à chaque nouvelle loi si elle n’est pas discriminatoire


Lors de la rédaction de nouvelles lois, les députés et les ministres doivent d’abord parcourir une liste de contrôle pour vérifier si elles peuvent conduire à la discrimination. C’est la conclusion d’une commission parlementaire de la Chambre haute qui a enquêté sur l’efficacité de la législation contre la discrimination. La commission, dirigée par le sénateur Ruard Ganzevoort (GroenLinks), a présenté mardi son rapport final.

La discrimination est déjà interdite, ce qui est inscrit dans l’article 1 de la Constitution. Mais ce n’est pas assez efficace, conclut le comité. En fait, une législation qui n’a rien à voir avec la discrimination, telle que la législation sur la sécurité sociale, conduit régulièrement à la discrimination. Le comité a étudié pourquoi c’est le cas. Et, plus important encore, ce que peut faire le parlement à ce sujet.

« Nous avons été choqués pendant l’enquête », raconte Ruard Ganzevoort. « Nous pensons que tout est réglementé dans ces lois, mais ce sont les personnes vulnérables qui tombent entre deux tabourets, comme le montre l’affaire Allocations. Comment est-il possible que nous adoptions des lois en toute bonne conscience, qui ont encore des trous ?

La réponse : vous pouvez interdire la discrimination, mais les normes, attitudes et cultures d’entreprise discriminatoires demeurent, et elles sont généralement insensibles à la législation. Selon le comité, cette « discrimination structurelle » peut se produire dans toutes les politiques gouvernementales.

L’effet de ceci est renforcé parce qu’il existe un écart entre la législation et la pratique de mise en œuvre. Les fonctionnaires ont une marge d’interprétation et doivent prendre leurs propres décisions lorsqu’ils aident les citoyens. C’est précisément là que des points de vue discriminatoires peuvent se glisser dans la politique. Selon Ganzevoort, limiter cette marge d’interprétation n’est pas une option : « Les fonctionnaires doivent être en mesure de fournir une personnalisation, vous perdriez alors cette opportunité. »

Ce qui n’aide pas non plus, c’est que les représentants du gouvernement ont parfois des rôles contradictoires. Par exemple : octroyer des prestations et détecter les fraudes.

Six coches

Mais qu’est-ce qui marche ? Le conseil du comité est d’introduire une liste de contrôle à six points que les législateurs peuvent définir pour déterminer si une loi est discriminatoire. En outre, la législation devrait être fondée sur la confiance dans la boussole morale du citoyen, au lieu de le considérer comme un fraudeur potentiel. Dans le même temps, la législation doit moins reposer sur l’autonomie des citoyens.

Les législateurs doivent accorder une « attention permanente » à la discrimination et veiller à ce que les citoyens concernés soient entendus au cours du processus législatif, a déclaré la commission. De plus, les législateurs devraient éviter de stigmatiser le langage et ne pas rédiger de politiques uniquement pour le « citoyen blanc et hétérosexuel normal ». Des vérifications périodiques doivent être effectuées pour vérifier si la loi respecte toujours ces normes.

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C’était la troisième fois que le Sénat menait une enquête parlementaire, ce qui est différent d’une enquête parlementaire. Ce dernier est un moyen plus sérieux, car il implique des pouvoirs coercitifs.

La législation devrait être fondée sur la confiance dans les citoyens, au lieu de les considérer comme des fraudeurs potentiels

L’enquête résulte d’une requête conjointe du VVD et de GroenLinks, en octobre 2020. Dans la foulée de l’affaire des Allocations et en pleine montée du mouvement Black Lives Matter, Annemarie Jorritsma (chef du parti VVD au Sénat) et Paul Rosenmöller (chef du parti GroenLinks au Sénat) a mené une enquête sur la question : pourquoi la législation anti-discrimination est-elle si inefficace ? Selon divers rapports et publications, la discrimination existe toujours aux Pays-Bas, indique la motion. Et plus inquiétant, même au sein des administrations publiques, la discrimination existe et a parfois « un caractère systémique ».

Ce point de vue a été confirmé le mois dernier lorsque le cabinet a reconnu pour la première fois qu’il existait un racisme institutionnel au sein du fisc. Et comme Ganzevoort l’a dit dans son discours lors de la présentation : « Nous avons affaire à une affaire d’Allocations. Le gouvernement lui-même reconnaît qu’il y a eu un racisme institutionnel au niveau du fisc. Le chef de la police a récemment annoncé qu’il adopterait une politique plus ferme contre la discrimination et le racisme. Parce que c’est nécessaire. Personne ne veut être discriminé. Et pourtant ça arrive. »

Conversations publiques

Le comité a mené des recherches pendant plus d’un an, sous la direction de Ganzevoort et de la sociologue du droit Ashley Terlouw, qui a rempli le rôle de coordinateur de la recherche. Une recherche documentaire a été effectuée, des entrevues avec des experts ont eu lieu et, de janvier à mars de cette année, le comité a tenu des entrevues publiques avec des experts tous les vendredis.

Reste maintenant à savoir si les recommandations de l’enquête sur les discriminations seront adoptées par le Sénat. Le rapport sera discuté ultérieurement. Ganzenvoort : « Avec un peu de chance avant l’été. » Lors de ce débat, il est également décidé si le rapport sera présenté « officiellement » à la Chambre des représentants. La chance est considérable, car la recherche a été soutenue par la Chambre des représentants.

Ganzenvoort est plein d’espoir : « Si nous constatons dans un an que nous avons examiné concrètement ces risques dans un certain nombre de projets de loi importants, dans le domaine de la santé ou de la sécurité sociale, et que nous avons ainsi évité des dérapages, alors je serai heureux. »

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