Congrès national du peuple chinois : Assemblée démocratique du peuple ou « machine à applaudir » ?

L’Assemblée populaire nationale de Chine s’ouvre dimanche à Pékin. Le gouvernement est responsable devant le parlement édenté, de nouveaux ministres entrent en fonction et des projets de loi sont discutés. A quoi sert le Congrès du Peuple ?

Marie Vlaskamp

Qu’est-ce que le Congrès du Peuple ?

C’est un annonciateur familier du printemps dans la première semaine de mars : la plus grande place du monde, la place Tiananmen dans la capitale chinoise Pékin, se transforme en un gigantesque parking pour les autocars qui transportent près de trois mille chauffeurs, politiciens et bien -les Chinois connus du monde entier arrivent. Ils se retrouveront pendant près de deux semaines dans la Grote Hal de Het Volk.

En Chine, cet événement politique important s’appelle « les Deux Rencontres ». En plus des représentants du peuple, un organe consultatif composé de célébrités, d’hommes d’affaires, d’universitaires et de représentants de partis politiques autres que le Parti communiste se réunit également. Ils sont autorisés à faire des suggestions au gouvernement, tandis que le parlement approuve les nominations, la législation et les amendements constitutionnels que la direction du parti a préparés à l’avance.

Cette assemblée mixte est considérée comme une « surveillance démocratique » de l’État, mais comme les délégués ne votent presque jamais contre elle, l’Assemblée populaire nationale de Chine (APN) a été surnommée la « machine à applaudir ».

Quelle est la différence entre ce Congrès et le Congrès du Parti ?

Le Congrès du Parti, qui se tient une fois tous les cinq ans, a beaucoup plus de poids : c’est là que se fixent les grandes lignes politiques. Cela s’est produit en octobre 2022 et le NPC va maintenant travailler sur la mise en œuvre.

La séparation entre le gouvernement et le Parti communiste en Chine a toujours été cosmétique, mais sous le chef du parti Xi Jinping, cette scission a été brisée en faveur du parti. Cela ne veut pas dire que l’APN n’est pas important, car Xi utilise régulièrement la réunion comme rampe de lancement pour des mouvements politiques inattendus.

Lors de l’APN de 2018, la constitution a été modifiée pour supprimer les limites de durée de sa présidence, lui permettant de se présenter indéfiniment. Et en 2020, lorsque le NPC a été reporté à mai en raison de la pandémie, un projet de loi controversé sur la sécurité nationale pour Hong Kong a été précipité de manière inattendue. Cette année, un remaniement radical d’importantes institutions de l’État et du Parti est à l’ordre du jour pour donner au Parti plus de contrôle sur les ministères.

À quoi les observateurs étrangers prêtent-ils attention ?

Sur les mots clés des discours, les figures et les marionnettes. Les observateurs de la Chine épellent chaque mot des rapports de travail du Premier ministre et des autres administrateurs, car dans ce système politique opaque, le moindre changement d’accent dans le jargon gouvernemental peut annoncer des changements majeurs. Le mot politique à la mode cette année est tongchouqui signifie « coordination et planification » et est lié à la proposition de réorganisation des ministères.

Les points fixes sont des statistiques, telles que les prévisions économiques et le budget de la défense. L’APN suit le rythme des changements de pouvoir à la direction du parti. Parce qu’il a été renouvelé lors du récent Congrès du Parti, les politiciens qui n’ont pas été promus lors de cet APN partent. Le monde est présenté à un nouveau Premier ministre chinois, un nouveau ministre de la Défense et une nouvelle équipe économique qui doit s’assurer que l’économie chinoise croît plus vite que les maigres 3 % de l’an dernier.

Que regardent les chinois ?

Aux mêmes problèmes que les observateurs étrangers, mais ils accordent une attention particulière aux problèmes qui affectent directement leur vie, comme le débat houleux pour augmenter le faible taux de natalité.

Les citoyens ordinaires sont tenus à l’écart des réunions par diverses mesures de sécurité. À la télévision, un PNJ est un spectacle à voir. Les délégations de minorités ethniques, de chefs de communautés religieuses, d’agriculteurs et d’ouvriers d’usine sont disposées de telle manière que la scène colorée donne l’impression que tous les groupes de la société pékinoise sont impliqués. Autre passe-temps : regarder si les médias d’Etat présentent des représentants qui se sont assoupis pendant les longs discours.



ttn-fr-31