Concert émouvant avec Daniel Barenboim à la Philharmonie


Par Martina Hafner

Des applaudissements nourris avant même la première note ! Lorsque Daniel Barenboim (80 ans) est monté sur le podium de la Philharmonie, de nombreux spectateurs avaient les larmes aux yeux.

Quelques heures plus tôt seulement, vendredi également, le chef d’orchestre avait annoncé qu’il renonçait à son poste de directeur musical général de l’Opéra d’État pour des raisons de santé. Il souffre de vascularite, une inflammation des vaisseaux sanguins, et a annulé de nombreuses représentations ces dernières semaines.

Mais maintenant, il s’est battu pour revenir sur le podium pendant quelques soirées. Après les concerts de fin d’année à l’Opéra d’État, il y avait maintenant une représentation avec la Philharmonie, avec la pianiste vedette Martha Argerich (81), qu’il connaît depuis l’enfance. Comme Barenboim, elle vient de Buenos Aires, et les deux ont donné d’innombrables concerts ensemble. Lorsqu’il se dirigea vers le bureau, Barenboïm paraissait un peu raide, les épaules plus étroites qu’auparavant.

Le Maestro aux fleurs Photo: Martina Hafner

Il a dirigé assis, a donné un prélude véhément au Concerto pour piano en la mineur de Schumann, Op. 54, Argerich a impressionné de la manière habituelle avec fureur, parfois une gaieté sans effort et des exécutions virtuoses. Les acclamations n’ont jamais cessé lorsque les assistants ont placé un deuxième tabouret devant le piano à queue.

« Nous nous permettons de jouer », s’adressait Barenboim au public, « une petite pièce de Georges Bizet de ‘Carmen’, Kinderspiele. »

La Philharmonie a facilité la tâche du maestro malade et a modifié le programme au pied levé. À l’origine, des œuvres de Tchaïkovski et de Witold Lutoslawski étaient au programme, ce dernier étant difficile à diriger et certainement pas un plaisir pour les foules. En plus de Schumann, il y avait la 2e symphonie de Brahms, dans laquelle Barenboim s’étirait souvent très loin, mais restait entre les deux presque immobile à quelques reprises. Cela n’enlève rien aux grandes douches typiques de Barenboïm, qui semblent néanmoins délicates et translucides.

Standing ovation à la fin. Lorsque Barenboïm recevait des fleurs, il en cueillait quelques-unes du bouquet pour les donner aux musiciens, mais seulement aux dames. Tellement old school doit être!

Barenboim et Argerich jouent également le même programme samedi et dimanche (20h). Les deux concerts sont désespérément complets.



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