Comment un professeur de l’Université de Gand harcèle les doctorants depuis des années : « Sa réputation est connue à l’étranger »

La boîte de Pandore semble ouverte : un rapport de Pano se concentre sur un professeur de l’Université de Gand, qui reçoit des signalements d’intimidation depuis au moins dix ans.

Aussi avec Les dernières nouvelles des témoignages arrivent, dont celui d’un doctorant. Pendant quatre ans, elle endure les tirades d’insultes, des mois de silence complet et de menaces. Le témoignage est anonyme. « Je ne veux pas gâcher mes chances dans le milieu universitaire, ou être connu comme difficile. »

Connu à l’étranger

Lorsque l’étudiante arrive en Belgique pour sa thèse à Gand, les choses tournent mal pour le professeur : « Même lors de l’entretien d’embauche, il avait été très impoli, mais je ne l’ai pas vraiment compris. Je voulais juste le travail. Pendant ma première semaine à Gand, il y avait un barbecue. Le pro n’était pas présent, mais quand des collègues ont entendu qui était mon promoteur, ils m’ont prévenu : une femme de l’étranger, ça irait mal. Entre-temps, malheureusement, j’ai déjà transmis le même avertissement. Même si sa mauvaise réputation est connue à l’étranger.

Les premiers mois, elle n’a pratiquement pas de nouvelles de son promoteur, mais ensuite la pression s’est considérablement accrue. « Il m’a demandé de travailler en dehors de mon projet, pour booster un peu mon profil et le sien. C’était un travail qu’on ne demande pas normalement aux doctorants de première année. Lorsque j’ai refusé, une de mes expériences à forte intensité de main-d’œuvre, qui a entraîné de légers commentaires, a dû être complètement refaite. Mon collègue m’a chuchoté que c’était une ‘punition’ ».

Mauvaise recherche

En même temps, l’étudiant est censé ajouter son nom aux publications. Ce n’est pas un phénomène inconnu dans le milieu universitaire : celui qui apporte une contribution est mentionné dans la publication. « Mais il savait à peine de quoi il s’agissait. Je lui avais demandé des commentaires, mais il n’avait pas répondu à ses e-mails depuis des semaines. Cela se produit également lorsqu’elle présente une demande de projet importante. « J’ai finalement soumis le projet avec l’approbation de mes co-promoteurs. Il m’a dit le lendemain qu’il n’avait pas le temps pour de mauvaises recherches scientifiques. »

Cette rétroaction étrange continue d’arriver. « Il ne connaissait rien à mon sujet, il a aussi 30 à 40 personnes qui travaillent sous lui tout le temps. Mais parfois, il voulait faire semblant de donner des commentaires. Il a donc corrigé mon orthographe. J’ai renvoyé cette correction qui était fausse. Il a affirmé qu’il savait mieux « parce qu’il avait fait du latin au lycée ». Une autre fois, il m’a transmis la page Wikipédia sur ma thèse de doctorat ».

Cela va encore plus loin. « Au cours d’une de ses nombreuses réunions, souvent programmées à des heures indues et en toute dernière minute, il a demandé à un collègue d’effectuer un surcroît de travail. Ce collègue, venu de l’étranger, avait déjà une charge de travail très lourde. Quand il a eu des doutes, le pro a menacé de ne pas renouveler son contrat. Ceci est particulièrement difficile pour les doctorants étrangers : leur séjour en Belgique est lié à leur contrat.

Deux ans après le début de ses recherches, à peu près à mi-parcours, l’étudiante est sur le point de mourir. « J’ai eu une autre opportunité d’emploi dans un autre pays, mais je l’ai ensuite refusée parce que je devais tout recommencer. A ce moment-là, j’avais tellement perdu confiance dans le système que je me disais ‘je serai au moins débarrassé de ce professionnel d’ici deux ans, si l’autre déçoit aussi, je serai là’ ». Elle reste, mais tient un journal des « absurdités » qu’il vomit.

ami de l’ombudsman

Parce qu’il était déjà clair pour notre étudiante à l’époque qu’elle n’est pas seule avec son histoire, elle s’adresse aux conseillers confidentiels de la faculté et du service de médiation. « L’un a confirmé qu’il y avait des problèmes avec le pro depuis dix ans et qu’il s’en sortait avec tout. L’autre m’a suggéré de chercher un autre travail. Avec le recul logique : elle est très amie avec lui. Je ne voulais pas porter plainte officiellement, le monde est trop petit pour ça ».

En fin de compte, il y aura une procédure disciplinaire à l’Université de Gand. Le professeur n’est pas autorisé à encadrer des doctorants pendant un an et doit présenter ses finances. La mesure durera à terme deux ans. « Son nom ne figurait pas sous ces doctorats, mais il les a supervisés », dit la doctoranda. « Après cela, il a également obtenu une promotion. »

Avec son témoignage, la doctorante veut surtout dénoncer le système. « J’adore mon travail, la pression de travail élevée ne me dérange pas. Mais ce harcèlement doit cesser. Il est impensable que presque rien ne soit fait depuis l’université.

Qui est le professeur des sciences de la bio-ingénierie ?

Le professeur mentionné dans le rapport Pano, qui fait également l’objet de ce rapport, jouit d’une solide réputation internationale. Il mène des recherches en sciences de la bio-ingénierie depuis trente ans. Il a reçu quatre diplômes honorifiques dans sa discipline et est citoyen honoraire de sa ville.

Parallèlement, des rumeurs circulent sur son comportement depuis plus de dix ans. Au moins 30 personnes ont indiqué qu’elles ne pouvaient plus supporter le comportement d’intimidation du professeur. Finalement, une plainte officielle en 2020 a abouti à une sanction : il n’a pas été autorisé à encadrer des doctorants pendant deux ans et a dû montrer ses finances après des allégations de fraude.

Comment réagit l’Université de Gand ?

L’Université de Gand refuse de répondre officiellement, sauf pour une annonce officielle sur le site. « Ces dernières années, nous avons pris des mesures importantes à l’Université de Gand pour prévenir les comportements transgressifs et pouvoir intervenir si cela se produit », lit-on. Il est également fait référence au Trustpunt.

La communication interne que nous avons pu consulter montre qu’il existe bel et bien toujours une plainte contre le professeur. Cela aurait été soumis en février 2022 et fait actuellement l’objet d’une enquête.

Le professeur lui-même a refusé de commenter au moment de la publication.

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