Selon les experts en sanctions, ce transfert de contrôle est un moyen de garantir que la collection d’art ne pourra pas être saisie si Abramovich est inscrit sur une liste de sanctions. En vertu des règles de sanctions de l’Union européenne, du Royaume-Uni et des États-Unis, la totalité des avoirs d’une personne sanctionnée peut être gelée si elle est détenue à plus de 50 %. Faire pencher la balance en faveur de Joukova, ne serait-ce que pour 51 pour cent des actions, est « très utile » pour contourner les règles de sanctions, selon les experts.
« La règle des 50 % fonctionne un peu différemment dans chaque juridiction », a déclaré au Guardian Tom Keatinge, directeur du British Center for Financial Crime & Security Studies au Royal United Services Institute. «Mais quelle que soit la modification des règles, il serait intéressant pour une personne susceptible d’être inscrite sur une liste de sanctions de réduire sa part dans une fiducie. Cela s’est souvent produit pendant la période précédant la guerre, dans l’espoir de maintenir les biens hors de portée des autorités.»
Un mois après la transaction autour de la collection d’art, Abramovich a effectivement été inscrit sur les listes de sanctions européennes et britanniques. Selon la Commission européenne, Abramovich a des liens étroits avec le président Vladimir Poutine et un « accès privilégié » au président. Les avoirs d’Abramovich ont ensuite été gelés, y compris celui de son club de football, le Chelsea FC. Mais cela n’a pas été le cas jusqu’à présent avec sa collection d’art, qui constitue une partie importante du patrimoine culturel occidental.
Rien n’indique que Joukova ait pris des mesures pour éviter les sanctions. L’art appartient officiellement à une fiducie, pas à la sienne, et elle ne pouvait pas prendre de décisions au nom de la fiducie basée à Chypre. À notre connaissance, aucune œuvre d’art de la collection n’a été vendue ou transférée depuis février 2022.
Abramovich n’a pas répondu aux questions du Guardian. Joukova a refusé de commenter. Elle a déjà dénoncé l’invasion de l’Ukraine dans des déclarations publiques.