Comment Luca Brecel, désormais parmi les millionnaires du drap vert, a longtemps vu de la neige noire

Devenez très riche. Il fallait s’appeler O’Sullivan, Hendry ou Higgins pour y parvenir. Mais après sa fantastique performance dans The Crucible, Luca Brecel est également en passe de devenir multimillionnaire. Et dire qu’il a longtemps vu de la neige noire.

Kyle Doms

Cette Lamborghini dont il rêvait peut enfin se débarrasser. Il avait déjà les Louboutin et les Rolex, Luca Brecel n’est pas réfractaire au bling bling. Mais c’était autrefois différent. Nous revenons au 10 janvier 2011. Carlo Brecel crie au secours dans le journal. Papa du génie du snooker alors âgé de 15 ans, Luca. Fin 2010, le timide garçon a été élu « Promesse de l’année » lors du gala des sports d’Ostende. Il a reçu le prix de Sven Nys, il a laissé le discours à son père. « On cherche 100 000 euros ou la carrière de mon fils sera finie avant d’avoir commencé », lance sans détour Carlo Brecel.

L’émergence du plus grand talent de snooker belge coïncide avec la mondialisation du snooker. Jusqu’alors essentiellement connu de la Manche. Début 2010, le promoteur sportif Barry Hearn, depuis 2001 avec Matchroom Sport Limited également le grand homme de la Professional Darts Corporation, réussit à élargir les frontières du drap vert.

Il puise dans les marchés commerciaux en dehors du Royaume-Uni et organise également des tournois en Chine, au Brésil et en Australie. La tournée professionnelle, qui consistait auparavant en six tournois majeurs avec un total de trois millions de prix en argent, sera étendue à vingt événements de classement dans le monde avec un prize pool total de près de 15 millions d’euros. Entre-temps, cela a même été augmenté à 28 tournois de classement officiel et le prix en argent se dirige vers 20 millions.

Les toppers de snooker font immédiatement partie de l’histoire de Hearn, qui était manager du légendaire Steve Davis dans les années 1970. Les multiples champions du monde Stephen Hendry, Ronnie O’Sullivan et John Higgins parcourent le monde à la poursuite de leurs queues de billard et se retrouvent à court de mains pour gagner de l’argent. Mais pour le petit snooker belge de Dilsen-Stokkem, l’offensive de charme mondiale du snooker est un cadeau empoisonné.

Brecel a des tas de talents. L’ancien champion du monde Graeme Dott a dit un jour : « Seules la bière et les femmes peuvent empêcher ce gars de devenir le meilleur au monde. » Mais le talent seul ne suffit pas pour conquérir le paradis du snooker. Pour que le talent porte ses fruits, il faut investir et c’est là que les Brecels se débattent au départ.

« Luca était sur le point d’entrer dans le circuit international », se souvient le père Carlo Brecel. « Il faut déjà jouer des demi-finales ou des finales pour gagner beaucoup d’argent. Gagner le tournoi ou sortir au premier tour, vous devez compenser les dépenses à parts égales. Frais de transport, frais d’hébergement, nourriture,… et tout ça multiplié par trois. En plus de Luca, j’ai voyagé en tant que superviseur et nous avions un coach avec moi. C’est ainsi que nous sommes rapidement arrivés à 100 000 euros. Nous avons été accueillis de toutes parts, mais en même temps, nous avons également été livrés à nous-mêmes.

Sans dotation

Brecel a dû compter sur un soutien financier extérieur pour joindre les deux bouts au billard. Peu de choses ont changé à cet égard en plus de dix ans. La Flemish Snooker Federation vzw est actuellement encore une fédération sportive reconnue par Sport Vlaanderen et le gouvernement flamand, mais non subventionnée. Cela place le snooker au même niveau que les fléchettes, la pétanque et le trois bandes.

Pour Brecel, les premières années sont pénibles, laborieuses et s’assurent qu’il peut joindre les deux bouts. Ce n’est qu’il y a trois ans, alors que Brecel était actif sur le circuit professionnel depuis près de dix ans, qu’il a franchi la barre du million d’euros de prize money. Seul le petit cercle des meilleurs est capable d’amasser une petite fortune au billard. La grande majorité des 128 joueurs actifs sur le « World Snooker Tour » se battent pour les miettes sur la table.

Selon une étude britannique publiée l’an dernier, les seize premiers du monde gagnaient en moyenne 275 000 euros sur la feuille verte, sans compter les dépenses en tout genre. A titre de comparaison : le salaire annuel moyen en NBA est de 7,5 millions d’euros. Et cela ne comprend pas les contrats de parrainage personnel. Parce que le snooker reste principalement un sport de niche, les accords de sponsoring avec les multinationales ne se concrétisent pas non plus.

Contrairement au football, au basket, au baseball,… le snooker se joue dans de petites arènes. Le théâtre Crucible peut accueillir un peu moins de 1 000 spectateurs, de sorte que les revenus de la vente de billets n’y sont pas non plus générés. Cela garantit que les revenus commerciaux du snooker sont relativement faibles.

Les vrais millionnaires du snooker se comptent sur les doigts d’une main. Le septuple champion du monde Ronnie O’Sullivan, victime de Brecel en quart de finale, a snooké près de 14 millions d’euros en trois décennies. Stephen Hendry et John Higgins ont également amassé une fortune de plus de dix millions d’euros. Brecel est loin d’atteindre ce jackpot. Mais le temps où notre compatriote n’avait pas de craie pour gratter sa queue est heureusement révolu.



ttn-fr-31