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L’Inde a célébré la semaine dernière ses 77 ans d’indépendance. D’ici son centenaire, en 2047, le Premier ministre Narendra Modi souhaite que le pays devienne une « nation totalement développée ». Toutefois, si l’on se base sur les tendances actuelles, il faudra encore 75 ans pour que l’Inde atteigne ne serait-ce qu’un quart du revenu par habitant des États-Unis, selon la Banque mondiale. Pour changer les chiffres, l’Inde doit capitaliser sur sa main-d’œuvre, l’une des plus jeunes et des plus nombreuses au monde.

Une main d’œuvre abondante, avec plus d’un demi-milliard de personnes, représente à la fois une opportunité et un défi. Elle peut soutenir la croissance économique, à condition qu’il y ait suffisamment d’emplois intéressants à pourvoir. Mais elle entraîne également d’énormes pressions politiques, comme l’a constaté Modi après que son parti, le Bharatiya Janata, a perdu sa majorité parlementaire lors des élections surprises de juin. Le vote a reflété une frustration croissante face au manque d’opportunités d’emploi bien rémunéré. La hausse des prix des denrées alimentaires a aggravé la situation. Le taux de chômage s’est établi en moyenne autour de 8 % au cours des 12 mois précédant juin.

L’Inde doit faire face à un défi de taille en matière d’emploi. Selon une étude récente de la banque Natixis, le pays doit créer 115 millions d’emplois d’ici 2030 pour absorber sa population croissante. Cela signifie que l’économie produira 16,5 millions d’emplois par an, soit une augmentation significative par rapport à la moyenne annuelle de 12,4 millions enregistrée au cours de la dernière décennie.

Signe que le résultat des élections a humilié Modi, le budget du gouvernement du mois dernier a mis en avant plusieurs initiatives pour relancer la croissance de l’emploi. Il a réservé 24 milliards de dollars à la création d’emplois, couvrant des mesures incitatives à l’emploi et à la formation. C’est un début, mais il n’existe pas de solution miracle.

L’Inde est toutefois bien placée pour tirer parti des changements économiques mondiaux, dont elle peut tirer parti au fil du temps pour créer davantage d’emplois. Le pays attire des entreprises désireuses de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement manufacturières, dans le cadre des stratégies « Chine + 1 ». Par exemple, le groupe d’électronique Foxconn s’est développé dans le pays. Les usines créent des emplois à grande échelle, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés. Plutôt que de gaspiller des fonds en subventions, l’Inde peut attirer davantage de fabricants en investissant dans ses routes, ses voies ferrées et ses ports et en réduisant les droits de douane à l’importation, ce qui profite également à son économie dans son ensemble.

Mais il faut aussi mettre davantage l’accent sur la création d’emplois hautement qualifiés et bien rémunérés. L’Inde est bien placée pour tirer parti de l’essor du commerce mondial des services à plus forte valeur ajoutée. Elle compte l’un des plus grands nombres de travailleurs qualifiés et hautement qualifiés. diplômés en STEM — sciences, technologies, ingénierie et mathématiques — domaines dans le monde. Des multinationales allant de Google à Walmart ont mis en place des « centres de capacités mondiaux » en Inde, qui exploitent ses talents en matière d’analyse de données, de recherche et de développement. Organisation internationale du travail On a récemment estimé que le taux de chômage des diplômés était d’environ 29 %.

L’Inde a le potentiel pour devenir le pôle mondial de la recherche. Mais pour y parvenir, il faut continuer à soutenir le secteur privé, notamment en simplifiant les formalités administratives liées à la planification et aux investissements étrangers. Des liens plus étroits entre les établissements techniques, les employeurs et les investisseurs indiens peuvent contribuer à une meilleure adéquation entre les emplois et les compétences, à un développement continu des compétences et à la croissance des start-ups, ce qui peut transformer les demandeurs d’emploi en créateurs d’emplois.

À plus long terme, l’Inde doit investir dans une meilleure éducation et aider les femmes à intégrer le marché du travail formel afin de sortir une plus grande partie de sa population du travail précaire. Cela favorisera la croissance des revenus et, par conséquent, la création d’emplois.

Le fait que des millions de travailleurs occupent des emplois mal payés et informels et que des diplômés talentueux n’aient pas assez d’emplois constitue un problème majeur pour le BJP. C’est aussi un énorme gaspillage de talents pour l’Inde et le monde. Tout comme le pays a su tirer parti de la mondialisation dans les années 1990 pour stimuler l’emploi et la croissance, il doit à nouveau surfer sur la vague des tendances mondiales pour tirer parti de son « dividende démographique ».



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