Comment les États-Unis devraient réformer les impôts


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L’écrivain est l’auteur de Une promenade aléatoire dans Wall Street

À l’approche de l’élection présidentielle américaine et d’un déficit budgétaire apparemment insoluble qui se profile en arrière-plan, les candidats se tournent vers la manière dont le pays augmente ses recettes grâce aux impôts.

Il sera important pour les investisseurs de surveiller ce phénomène étant donné qu’il est peu probable que le déficit budgétaire croissant de l’État puisse être réduit sans une maîtrise des dépenses et de nouvelles sources de revenus. Mais bon nombre des propositions émanant des deux partis politiques n’ont guère de sens et bouleverseraient les principes d’un système fiscal juste et efficace.

Un système fiscal juste et efficace signifie que les impôts doivent générer des recettes au moindre coût pour l’économie. Le système doit être facile à gérer et fausser le moins possible les décisions économiques. Les impôts doivent être équitables : deux personnes ayant un revenu égal et une situation économique similaire devraient payer des impôts égaux. Les contribuables fortunés ayant une plus grande capacité contributive devraient payer plus d’impôts et à un taux plus élevé. Mais les taux ne devraient pas être élevés au point de décourager les efforts de travail et les décisions d’investir dans des entreprises innovantes et risquées qui promettent d’améliorer la productivité et la croissance future du pays.

Une série de propositions lancées pendant la campagne présidentielle implique une augmentation substantielle des taux d’imposition marginaux les plus élevés. Aux objections selon lesquelles une telle augmentation pourrait réduire considérablement les incitations au travail et à l’investissement, les partisans de ces propositions répondent que nous avions des taux d’imposition marginaux de 90 pour cent au début des années 1950 et que l’économie a continué de croître (bien que lentement).

Ce que ces politiciens oublient de mentionner, c’est que les gens n’ont pas payé ces taux élevés. Les recettes fiscales fédérales en pourcentage du PIB ont été remarquablement stablesoit une moyenne d’environ 17,5 pour cent depuis les années 1950. Les contribuables n’ont pas déclaré de revenus qui les auraient placés dans la tranche la plus élevée, profitant des abris et des échappatoires tout en utilisant des stratégies telles que le transfert de revenus vers le secteur des entreprises où les taux d’imposition étaient plus bas ou vers les membres de la famille se trouvant dans des tranches d’imposition inférieures. Les recettes perçues par le gouvernement fédéral en pourcentage du PIB n’étaient pas plus élevées lorsque le taux marginal le plus élevé était de 90 pour cent que lorsqu’il était juste en dessous de 40 pour cent.

Notre expérience du transfert de revenus montre le danger de la proposition faite par les deux partis de supprimer toutes les taxes sur les pourboires. Il est injuste de taxer différemment les personnes qui reçoivent un salaire régulier et celles qui reçoivent un pourboire. Une telle proposition amènerait inévitablement les entreprises à trouver des moyens de rémunérer leurs employés sous forme de pourboires plutôt que de salaires. Il est difficile d’imaginer une politique mieux conçue pour éroder l’assiette fiscale. Les propositions visant à supprimer les impôts sur d’autres revenus, comme les heures supplémentaires, invitent à une forme similaire de transfert de revenus.

De même, diverses propositions ont émergé concernant l’impôt sur la fortune. Ces taxes constituaient auparavant une caractéristique des systèmes fiscaux européens. Ils se sont révélés pratiquement impossibles à administrer, ont donné lieu à d’innombrables méthodes d’évitement et n’ont généré que peu de revenus. La plupart des pays européens ont supprimé ces taxes.

Existe-t-il des moyens d’augmenter les revenus tout en préservant l’équité et sans nuire aux incitations ? Il serait préférable de combler les lacunes existantes. Les « intérêts portés », la part des bénéfices sur les transactions que reçoivent les gestionnaires de fonds de capital-investissement, sont une autre cible prometteuse. Nous devrions encourager l’investissement de nouveaux fonds dans de nouvelles entreprises. Mais les revenus provenant de la gestion de ces entreprises devraient être imposés comme tous les autres revenus, et non comme des gains en capital.

Si nous pensons que l’équité exige que les riches paient davantage d’impôts, la méthode la plus efficace consiste à légiférer sur la réalisation implicite des plus-values ​​au décès – alors que tous les actifs doivent être évalués aux fins des impôts sur les successions. À l’heure actuelle, le coût de base des actifs est évalué à la valeur marchande actuelle au décès et l’impôt sur les plus-values ​​est évité. L’imposition de tels impôts au décès corrige cet évitement et l’effet de blocage lié à l’évasion fiscale en détenant des actions appréciées.

Une autre méthode pour augmenter les recettes consisterait à ajouter une taxe fédérale à la consommation à l’impôt sur le revenu actuel. Dans un certain sens, il est bien plus raisonnable de taxer les gens sur ce qu’ils retirent des biens et services produits par l’économie plutôt que sur ce qu’ils investissent dans le processus de production par le biais de leur travail et de leurs investissements. Et il existe des méthodes pour rendre les taxes à la consommation beaucoup moins régressives que ne le prétendent les critiques.

Avec un Congrès sous l’influence des lobbyistes, nous ne devons pas nous faire d’illusions sur la difficulté de combler les lacunes. Mais nous ne devons pas abandonner l’objectif de créer un système fiscal plus juste et plus efficace.



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