Dans le documentaire 2Doc : Nous ne parlons pas (NPO2) vous regardez principalement l’arrière de votre tête. Des coupes de cheveux noires, bleues et lilas cachent les visages des quatre mineurs qui racontent comment ils ont été exploités sexuellement. Pour leur intimité et leur sécurité, ils ne sont pas reconnaissables sur la photo.
Au lieu de cela, nous regardons par-dessus leurs épaules les thérapeutes qui leur parlent. Les jeunes semblent porter des perruques et leurs voix ont été enregistrées par des acteurs. Pour permettre aux histoires horribles de s’imprégner, des images poétiques s’installent entre les conversations : une main avec des ongles artificiels tapotant de la crème glacée molle, un danseur, une machine à barbe à papa.
Comment faire un documentaire sur des personnes qui doivent rester anonymes ? Comment faites-vous un documentaire si vous n’avez pas beaucoup d’image du tout ? Dans un article à ce sujet sur le site 2Doc., la marque documentaire du diffuseur public, la réalisatrice Marjolein Busstra dit avoir saisi la limite pour enrichir le film de solutions créatives. Parce que maintenant ce sont surtout les thérapeutes qui entrent en jeu, explique-t-elle, vous pouvez laisser entrer l’histoire à travers leurs réactions.
Les astuces créent en effet la distance dont le spectateur a besoin, car c’est assez déprimant. Ce sont des jeunes qui vivaient dans des environnements où le sexe était un moyen d’échange contre un abri, de l’argent, de la drogue. Phrase déchirante : « Mais j’étais à l’heure à la maison, tu sais. » A l’époque, ils survivaient surtout, ce n’est que plus tard qu’ils découvrirent les dégâts qu’ils avaient subis : « Après de toute façon, c’est plus difficile de toute façon. » Ils ont du mal à parler, surtout avec la police. Ensuite, ils doivent tout recommencer dans leur tête. Et ils se sentent responsables. Les hommes sont des bâtards sales et stupides, tout le monde le sait, raisonnent-ils, alors c’est de leur faute s’ils « montent dans cette voiture » de toute façon.
Les documentaires sont quelque part entre l’art et le journalisme, donc l’artifice est permis. Juste pour être clair, j’aurais aimé savoir à l’avance que les personnages principaux n’avaient pas leur vraie voix, qu’ils portaient des perruques et que, d’après le générique, le réalisateur utilisait aussi des doublures. J’aurais aussi aimé savoir que je cherchais des thérapeutes – je les ai d’abord pris pour des enquêteurs.
Présentateur dans le grenier
Le documentaire Trois femmes et la trahison (lundi sur NPO2), en revanche, est mis en place de manière conventionnelle, avec deux tours qui donnent immédiatement l’impression d’être fremdkörper. Le héros de la résistance Truus van Lier a abattu un nazi de haut rang pendant la Seconde Guerre mondiale, a été trahi et exécuté en 1943 dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Son sort est comparé à celui de trois autres femmes. La grande sœur Miek était également dans la résistance mais s’est enfuie à temps. Le cousin Trui avait une crèche avec des tout-petits juifs cachés. Et puis il y a la femme juive du groupe de résistance de Van Lier qui est forcée par les nazis de trahir les autres.
Ceci est un programme spécial d’histoire D’autres fois, qui est généralement construit à partir d’images d’archives. Mais cette fois, il y a pas mal d’images du présent. Vieux-CNRC-la journaliste Jessica van Geel, dont le livre est basé sur le documentaire, se promène avec des proches le long des lieux d’Utrecht où vivaient les femmes. Astrid Sy, la présentatrice de D’autres fois, accroche des photos des personnages principaux dans un grenier. Elle raconte aussi une partie de l’histoire. Pas si élégant, deux conteurs, ça aurait été plus serré si Van Geel l’avait fait tout seul. L’attaque et la fusillade sont représentées par des dessins animés. C’est distrayant et c’est juste un peu trop frivole.
Dans le documentaire danois Fuir, qui sera sur NPO2 vendredi, l’histoire de vol d’un homme afghan est capturée dans un film d’animation, en partie pour la sécurité du protagoniste. Mais ici, vous acceptez immédiatement l’astuce, car elle a été mise en œuvre de manière cohérente.
Cette chronique sera rédigée par divers auteurs jusqu’au 25 avril.