Commémoration à l’occasion de l’incendie criminel de Duisburg-Wanheimerort en 2023

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La nuit qui va changer sa vie, Aynur Satir, 13 ans, résidente de Duisbourg, doit aller aux toilettes de toute urgence. Nous sommes dans la nuit du 26 au 27 août 1984 et Satir se précipite dans le couloir sombre de l’immeuble du quartier de Wanheimerort où elle vit avec sa famille. Le bâtiment dispose toujours de toilettes communes aux étages.

Peu de temps après, alors qu’elle se recouche, ce même couloir est en feu. « Ma sœur a découvert le feu et a crié : ‘Maman, ça brûle’. Ma mère est alors sortie du lit en courant et a essayé de se sauver ainsi que nous », se souvient Satir dans une interview à ZDFheute.

Elle a sauté par la fenêtre à plusieurs mètres dans les profondeurs et a survécu, grièvement blessée. Mais sept membres de la famille sont morts. Il s’agit notamment de la mère de Satir, de ses quatre frères et sœurs, de son beau-frère et de son neveu, un bébé.

Un drapeau et des couronnes allemand et turc se trouvent devant l'ancienne maison de la famille turque Genc à Solingen, le 29 mai 2023, lors des commémorations marquant le 30e anniversaire d'un incendie criminel meurtrier.

À Solingen, il y a 30 ans, des partisans de la scène néonazie ont incendié la maison de la famille Genc, ​​d’origine turque. Deux femmes et trois filles ont été tuées dans l’incendie criminel.29 mai 2023 | 1:06 minute


Pourquoi la police a-t-elle exclu un mobile raciste ?

« Je porte encore aujourd’hui la douleur avec moi », explique l’homme de 53 ans, qui met également en cause le manque de traitement des événements.

Lundi marque le 40e anniversaire de l’incendie criminel de Duisburg-Wanheimerort et une question demeure à ce jour : pourquoi la police a-t-elle exclu le racisme comme motif ? Même si tous les morts étaient issus de l’immigration ? Et la femme qui a avoué le crime a mis le feu à un foyer de demandeurs d’asile des années plus tard ?
En 1996, Evelin D., qui a avoué, a été reconnue coupable du crime par le tribunal régional de Duisburg – elle avait déjà dû répondre d’autres cas d’incendie criminel. « On ne peut absolument pas soupçonner une origine radicale de droite », a déclaré l’avocat d’Evelin D. environ 40 ans plus tard. WDR. Le tribunal a également suivi cet argument et n’a finalement trouvé aucun mobile raciste au crime.
Une salle d'audience dans laquelle deux suspects sont assis et se couvrent le visage

À ce jour, toute une série d’incendies criminels à Berlin-Neukölln restent non élucidés. Après des années d’enquête, le procès contre les extrémistes de droite présumés s’est ouvert en 2022.29 août 2022 | 1:51 minutes


Critique des proches de Duisbourg

« C’est encore incompréhensible pour moi aujourd’hui », déclare Aynur Satir, qui était co-plaignante avec sa sœur. « Même lors du procès de 1996, nous n’avons pas eu l’occasion de parler de la croix gammée sur le mur de notre maison. Nous n’avons pas eu l’occasion d’en parler au tribunal en tant que témoins. »

« J’avais le sentiment que les autorités ne me prenaient pas au sérieux. Que mes descriptions n’avaient pas d’importance », se souvient-elle.

Nous, les parents survivants, avons été tout simplement ignorés.

Aynur Satir, survivant de l’incendie criminel de Duisburg

Une femme musulmane portant un foulard se tient devant la porte de Brandebourg à Berlin.

Des dommages matériels aux attaques physiques, l’initiative Claim a enregistré près de 2 000 incidents anti-musulmans l’année dernière, soit le double par rapport à 2022.24 juin 2024 | 1:36 minutes


Duisbourg : « Les motivations politiques du crime n’ont pas été suffisamment étudiées »

Après que l’incendie criminel ait longtemps retenu l’attention, quelque chose a changé ces dernières années. Depuis 2023, une plaque commémorative sur la maison concernée de la Wanheimer Strasse commémore les morts ; La ville de Duisbourg a écrit dans un communiqué :

« Bien que l’incendie criminel ait eu lieu dans une maison habitée principalement par des migrants originaires de Turquie et de l’ex-Yougoslavie, les éventuels motifs racistes et/ou politiques du crime n’ont pas fait l’objet d’une enquête adéquate et ont été rapidement rejetés par la police et le parquet. »

Dans le cadre du projet « ToreG NRW » (Death Victims of Right-Wing Violence NRW), la police judiciaire du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie réexamine actuellement l’incendie criminel en vue d’un éventuel motif raciste.

Archives : Aynur Satir Akcar, survivant de l'attaque, au milieu, lors du service commémoratif à l'occasion de l'incendie criminel d'une maison de la Wanheimer Straße 301 en 1984, le samedi 26 août 2023 à Duisburg.

Aynur Satir, survivant de l’attaque (M.), lors de la commémoration de l’incendie criminel de l’année dernière.

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Commémoration 40 ans après le crime

De tels développements sont une lueur d’espoir pour Aynur Satir, qui est en même temps déçue que personne du LKA ne l’ait contactée ou interrogée à nouveau. En réponse à une petite question du SPD, le gouvernement du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie a déclaré : « La perspective des personnes endeuillées ou des survivants ne fait pas partie du mandat du projet ToreG NRW. »

Cette approche est critiquée par le Rheinland Victim Advisory Service, une organisation qui soutient les personnes touchées par les violences de droite, racistes, antisémites et autres violences inhumaines. La LKA ne tient pas compte des « critères actuels d’évaluation des délits à motivation politique », selon lesquels « lors de l’évaluation des circonstances du délit, il faut également tenir compte, entre autres aspects, du point de vue de la personne concernée ».

Au moins lundi, le point de vue des personnes touchées devrait être à nouveau au centre de l’attention : Aynur Satir sera également présent à l’événement commémoratif 40 ans après l’attaque. L’exposition se terminera dans la galerie Tarık Turhan, du nom du neveu de Satir, décédé enfant dans l’incendie.

Une personne tient un smartphone à la main. La chaîne WhatsApp de ZDFheute y est visible.

Source : ZDF


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