Cicone, le "le sien" Les Abruzzes c’est la terre amère : ça s’effondre sur le Blockhaus et prend 9′ et 26 »

La montée commence, c’est l’étape qu’on attendait depuis une vie et, soudain, les jambes se durcissent, les muscles ne réagissent pas, les forces vous manquent, et entre-temps la route se cabre : impitoyable, mauvaise, voire cruelle. Giulio Ciccone voit les autres pédaler vite devant lui, et il n’arrive pas à suivre leur rythme : ça arrive. Mais ce qui se passe dans son pays, les Abruzzes, au milieu de son peuple qui rêvait de l’embrasser comme un nouveau héros, il ne l’avait pas inscrit au budget. C’est pourquoi, tandis que des hommes, des femmes et des enfants qui se tiennent au bord de la route le croisent, il aimerait s’arrêter et s’excuser auprès de chacun d’eux, il sait que beaucoup sont là pour lui, il aimerait se justifier, dire que même lui ne pensait pas que le destin était un adversaire aussi perfide. En ce moment… En ce moment même… Juste à côté de sa maison… Lorsqu’il arrive à la ligne d’arrivée du Blockhaus, avec 9 minutes et 26 secondes de retard sur le premier, après une souffrance indicible, il ouvre grand les yeux et il lui semble qu’il a vécu dans un cauchemar. Maintenant que tout est fini, la douleur, comme toutes les douleurs, passera, et peut-être que le temps de la vengeance viendra pour lui aussi.



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