Chez Osees, il semble que toutes les tirelires de Rotterdam soient vidées en même temps

Ça sent la sueur dans le Rotterdam Maassilo à guichets fermés, de la fosse aux toilettes. Alors que les corps rebondissent et que les plongeurs plongent dans la foule, John Dwyer prend sa position d’attaque. Le chanteur-guitariste d’Osees – vêtu comme toujours d’un jean coupé et d’une chemise grise – fait un grand pas en avant et s’effondre lentement jusqu’à ce qu’il soit suspendu dans une sorte de grand écart vers l’avant juste au-dessus de la scène. Il a sa guitare si serrée autour de son cou que les cordes touchent à peine sa toupie et ses moustaches brun rougeâtre. Les potards de son ampli sont montés au maximum, les aigus même jusqu’à onze.

Tout le monde le sait : c’est le mode attaque.

Dès que Dwyer – headbanging sauvagement – s’attaque à son instrument, un bruit blanc atrocement strident se fait entendre qui sort normalement des téléviseurs enneigés. Lorsqu’il appuie sur une autre pédale de distorsion, il semble que toutes les banques de bouteilles de Rotterdam se vident en même temps. Le public se déchaîne, et le chanteur est satisfait : « Merci les Néerlandais. J’aime ça. »

Dwyer et son groupe Osees (dont il épelle le nom de toutes les manières possibles) sont les porte-drapeaux du rock garage psychédélique qui bouillonne en Californie depuis une quinzaine d’années et dont tous les représentants (Ty Segall, Mikal Cronin) sont passés par le même développement : ils commencent par du ragging dur et simple, prennent de plus en plus de profondeur et restent ridiculement productifs.

Arme secrète

Le 26ème album d’Osees sortira cette semaine message intercepté. Dans l’immense œuvre, tout comme lors de l’émission de mercredi, d’innombrables courants ont fusionné : punk furieux, douce synthpop, rock prog expérimental, jams hippies interminables et noise chaotique. La seule constante est la voix distinctive de Dwyer, aussi hyperactive et flamboyante que son personnage. Dans les couplets, il râle comme un commentateur sportif en fuite, dans les refrains, il ne laisse échapper que des cris et des cris de pom-pom girl fous, mangeant le micro. Au bout de 15 minutes, il se penche, arrache le téléphone d’un fan qui filme, fait semblant d’appeler, puis crie au public : « J’ai toutes les mères en ligne ! putain de comportement! »

L’arme secrète d’Osees est le line-up double drum. Sur le devant de la scène, Paul Quattrone et Dan Rincon se tapent fraternellement. Parfois, ils se donnent de l’espace et l’un des deux peut transpirer, mais généralement ils tambourinent exactement la même partie ensemble, ce qui, en plus d’un groove irrésistible, produit également un beau ballet de bras qui se balancent simultanément.

Ils sont payés pour le travail. Au milieu d’un long jam instrumental, Dwyer descend de scène pour aller leur chercher de la bière. Quand il met les bouteilles sur leurs tambours, le duo continue de jouer du tambour.

Osées – Séances de lévitation

https://www.youtube.com/watch?v=ttQeHu-4e94



ttn-fr-33