Chez Janácek, un amour à l’eau de rose et le son des pinces d’une belle-mère


Dans la matinée du samedi, la deuxième partie d’un double concertant de Leoš Janácek a résonné samedi : en janvier dernier, en plein confinement, Lise Davidsen a chanté une belle jenufa en direct à la radio devant une salle vide. Samedi, la soprano Amanda Majeski a chanté une Katja angoissée dans le deuxième opéra à succès de Janácek Kat’a Kabanovaune femme tellement en proie à la culpabilité de son engouement pour un homme autre que le sien (et carrément victime d’intimidation par sa belle-mère) qu’elle finit par se noyer dans la Volga.

À la radio, vous pouvez faire beaucoup plus beau que la réalité. Si un chanteur chante un peu plus doucement, l’orchestre peut être un peu mis en sourdine, de sorte que vous puissiez toujours entendre tout bien en équilibre. jenufa est donc devenu une idéalisation retentissante de l’ancienne normalité; un désir d’entendre ce que nous manquons en direct. Mais cet équilibre n’est pas si parfait dans la vraie vie, une salle acoustique est beaucoup plus juste. Le ténor Edgaras Montvidas (Boris, l’amour secret de Katja) semble épargner sa voix au début et s’élève à peine au-dessus de l’orchestre, ce qui lui donne quelque chose de rose.

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Vous avez en fait préféré plonger dans les buissons avec son adversaire habituel, le ténor beaucoup plus puissant et théâtral Boris Stepanov (Kudrjás). La mezzo-soprano Katarina Dalayman (petite, rousse) a habilement chanté le sang sous vos ongles comme les pinces exigeantes d’une belle-mère, dès sa première réplique à son fils : « Ta femme est plus importante que ta propre mère ! ” Pouah. Bas Clive Bayley (Savjol, oncle de Boris) était juste à l’autre bout contagieux, avec toute une gamme d’émotions extravagantes dans sa voix.



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