Chemours s’oppose à une pénalité pour rejet non autorisé de PFAS


Chemours s’oppose à la sanction que la province de Hollande méridionale a imposée à l’usine de Téflon pour le rejet d’un type de PFAS pour lequel l’entreprise ne dispose pas d’autorisation. Chemours et la commission d’opposition de la province de Hollande méridionale l’ont confirmé après des questions de CNRC.

Les inspecteurs du Service central de gestion de l’environnement de Rijnmond ont déterminé en mai que les eaux usées de l’usine Chemours à Dordrecht contenaient de l’acide trifluoroacétique (TFA). C’était la première fois que les eaux usées de Chemours étaient testées pour cette substance. L’usine ne dispose pas d’un permis pour rejeter du TFA. L’agence environnementale a donc décidé d’infliger une sanction en août. S’il s’avère au bout de quatre mois que Chemours rejette toujours du TFA à l’égout, le service de l’environnement percevra une astreinte de 125 000 euros par infraction, dans la limite de 1 125 000 euros. Le chiffre d’affaires de Chemours s’élève à 6,3 milliards d’euros en 2022.

2 400 riverains

Le service environnemental a également signalé la décharge de TFA au ministère public. Jeudi matin, le parquet a annoncé que l’enquête pénale contre Chemours allait s’ouvrir dans une autre affaire, suite à un rapport de l’avocate Bénédicte Ficq au nom de 2 400 riverains. Le ministère de la Justice mène une enquête sur le rejet intentionnel de substances nocives PFAS dans l’air, le sol ou les eaux de surface.

Chemours a déposé son objection à la sanction la semaine dernière. Si celle-ci est déclarée infondée, Chemours peut toujours saisir la justice. L’entreprise l’a fait en 2018 lorsqu’elle s’est vu imposer des amendes pour le rejet non autorisé du composé toxique PFAS PFOA. Le juge n’a pas donné raison à Chemours, mais a ajusté à la baisse l’astreinte prononcée à l’époque : de 250 000 euros à 125 000 euros.

« L’objection de Chemours s’inscrit dans un schéma selon lequel les entreprises résistent à l’application et optent pour la légalisation, au lieu d’assumer leurs responsabilités et de travailler à l’amélioration », a déclaré un porte-parole de l’agence environnementale. Un porte-parole de Chemours a déclaré que l’entreprise n’était pas d’accord avec cette sanction, mais n’a pas précisé pourquoi. « Nous soumettrons les motifs de l’opposition au service de l’environnement. »

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Substances extrêmement préoccupantes

Le TFA est un composé PFAS « ultra-court ». La substance figure sur la liste des substances potentiellement extrêmement préoccupantes que tient l’Institut national de la santé publique et de l’environnement (RIVM). La politique de la province de Hollande-Méridionale consiste à traiter les substances figurant sur cette liste par mesure de précaution comme s’il s’agissait de substances extrêmement préoccupantes.

On sait peu de choses sur les effets des TFA sur la santé humaine. Le RIVM a fait une estimation basée sur des expérimentations animales : le TFA serait cinq cents moins nocif que le composé PFAS hautement toxique PFOA. D’autre part, les TFA se propagent plus rapidement dans l’environnement et se retrouvent dans les eaux de surface à des concentrations cent à mille fois supérieures à celles des composés PFAS plus longs tels que le PFOA. Le TFA apporte donc potentiellement une contribution majeure à l’exposition totale aux PFAS des résidents des Pays-Bas.

Chemours et d’autres producteurs de substances fluorées affirment que le TFA est une substance également présente naturellement dans l’environnement. Des chercheurs indépendants le contestent : ils considèrent le TFA comme une substance artificielle. Les TFA se retrouvent dans l’environnement sous forme de produit de dégradation des pesticides, des gaz de refroidissement contenant du fluor et des composés PFAS brûlés.

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L'usine Chemours à Dordrecht, l'une des communes qui a intenté une action en justice contre l'entreprise.



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