Chasseur d’insectes gracieux avec un lien familial fort

En marchant le long de la bande de mer, j’entends au-dessus de moi un sifflement roulant d’oiseaux qui s’appellent, ce qui est difficile à localiser. L’appel se fait plus fort quand je reconnais un peu plus tard un groupe de guêpiers (Apiastre de Mérops) dans les silhouettes qui dansent dans le bleu clair du matin. Abeilles, guêpes, libellules et papillons sont leurs proies en ce début de matinée estivale.

Les guêpiers sont des oiseaux de la taille d’un merle noir avec un vol semblable à celui d’un papillon. Ils se reproduisent traditionnellement en colonies dans les régions méditerranéennes et hibernent au plus profond de la Corne de l’Afrique. Aujourd’hui encore, les guêpiers chassent au-dessus des vastes marais de Camargue, mais on les aperçoit désormais aussi bien plus près de chez nous. Dans une Europe qui se réchauffe, ces insectivores ont étendu leur habitat de mille kilomètres vers le nord en quelques décennies et se sont également imposés dans notre pays comme oiseau nicheur.

Nid tunnel

De retour d’Afrique, les guêpiers creusent un tunnel de nidification horizontal d’un à deux mètres de profondeur dans les parois abruptes des sablières et des berges début mai ; suffisante pour rendre la température et l’humidité dans la chambre de nidification attenante stables et indépendantes des conditions météorologiques. Ici, la femelle pond cinq œufs dans le sable. Trois semaines plus tard, dans l’obscurité totale, les jeunes aveugles nus sortent de l’œuf pour se métamorphoser en juillet en chasseurs d’insectes agiles et colorés.

Ce qui est spécial dans le processus de reproduction des guêpiers, c’est qu’une partie des jeunes est élevée non seulement par les oiseaux parents, mais aussi par d’autres guêpiers qui aident le couple parent à incuber et à se nourrir – le soi-disant ‘élevage coopératif‘. Les aides sont souvent des nouveau-nés mâles des années de reproduction précédentes, mais peuvent également être des oiseaux non familiaux de la colonie. ‘élevage coopératif‘ survient chez 8 % des espèces d’oiseaux, mais aussi chez les mammifères tels que les loups, par exemple, où les jeunes animaux restent fidèles à la meute pendant un certain temps et aident à élever de nouveaux petits.

La particularité du processus de reproduction des guêpiers est qu’une partie des jeunes n’est pas seulement élevée par les oiseaux parents, mais également par d’autres guêpiers.

Les biologistes évolutionnistes ont longtemps lutté pour placer le comportement altruiste des aides, mais expliquent l’émergence de élevage coopératif repose désormais sur l’idée que les deux parties – parents et aidants – bénéficient de cette forme de coopération ; mutualisme.

Les aides augmentent les chances de réussite de l’envol des jeunes guêpiers et soutiennent la santé des oiseaux parents, tout en bénéficiant de la structure sociale et de la sécurité de la colonie.

Vivant dans des colonies avec des liens familiaux forts, le soutien d’assistants dans le processus d’élevage et une grande capacité d’adaptation permettent aux guêpiers de coloniser rapidement de nouveaux territoires à mesure que le climat européen se réchauffe. On verra donc de plus en plus souvent ces gracieux chasseurs d’insectes dans notre pays.



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