Cette semaine en 1978 : un club étudiant vole le Manneken Pis pour la dernière fois, depuis il urine sur un tonneau de bière le jour du baptême étudiant


Chaque Belge connaît le Manneken Pis, le célèbre ketje bruxellois qui s’arrose dans la Stoofstraat depuis des siècles. Ce n’est plus la figurine originale, mais une réplique. Cette décision a été prise après un certain nombre de vols, dont le dernier a eu lieu il y a exactement 44 ans mardi. Ensuite, un club étudiant d’Anderlecht a également volé la réplique.

Hieronymus Duquesnoy l’Ancien a réalisé la statue en bronze du Manneken Pis en 1619, à l’instar des ‘putti pisciatori’ ou figures d’enfants qui urinent. Selon la légende la plus probable, la fontaine publique est un hommage aux nombreuses tanneries de la Stoofstraat. Les tanneurs utilisaient l’urine des enfants pour ramollir le cuir avec l’acide de l’urine. Moins probable, mais plus frappante est la saga de Juliaantje. Les ennemis qui assiègent Bruxelles font semblant de se rendre, mais en réalité mettent de la poudre à canon sous les remparts pour faire sauter la ville. On dit que le petit Julian a remarqué la mèche brûlante et l’a éteinte en faisant pipi dessus. Un acte d’héroïsme qui aurait sauvé la ville de Bruxelles de la destruction. D’où le nom originel de la fontaine à statue de pierre au XIVème siècle : ‘Julianekensborre’ ou Petit Julien.

Le Manneken Pis, que l’on trouve encore aujourd’hui dans la niche en pierre naturelle au coin de la rue Stoof et de la rue Eik, a non seulement été enlevé ou volé au moins sept fois, mais a également subi le siège de Bruxelles par le roi de France Louis XIV en août 1695. Il La statuette a été mise en lieu sûr et replacée sur son socle de six mètres de haut quelques jours plus tard.

En 1747, des soldats français voulaient voler la statue. Le roi Louis XV put alors calmer le jeu en faisant arrêter les coupables, en offrant au Manneken Pis un beau costume de brocart brodé d’or et en le faisant entrer dans l’Ordre de Saint Louis.

Le garçon pipi – mesurant à peine 55,5 cm – restera indemne jusqu’en 1817. Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1817, un travailleur forcé, Antoine Licas, prend la statue et la découpe en morceaux pour la revendre à la ferraille. Les restes ont été retrouvés sous un tas de décombres et la statuette a été restaurée. L’agresseur a été arrêté en novembre. En février 1818, il est condamné à perpétuité aux travaux forcés, peine réduite plus tard à 20 ans. Il a également dû se tenir au pilori sur le Grote Markt pendant une heure.

Manneken Pis avec un costume LGBTQI +, l’un des plus de 1 000 costumes qu’il possède maintenant. © Marc Baert

En 1955 et 1957, il y eut encore deux tentatives de vol de Manneken Pis. Des membres du club étudiant anversois ‘Wikings’ s’en sont tirés dans la nuit du 16 au 17 janvier 1963. Ils ont reçu 80 000 francs belges pour ce vol. C’est presque 2 000 euros, mais aujourd’hui, compte tenu de l’inflation, cela reviendrait à plus de 15 000 euros. Cette belle somme est allée à un organisme de bienfaisance pour les handicapés et, par conséquent, les auteurs n’ont pas été punis.

En 1965, la statue a de nouveau été endommagée. La partie supérieure a été retrouvée quelques mois plus tard dans le canal de Bruxelles. La statue a dû être restaurée à nouveau. Il a alors été décidé d’en faire une réplique et de conserver l’original dans la Broodhuis, où se trouve le Musée de la Ville de Bruxelles.

Mais cette copie de Manneken Pis a aussi attiré les voleurs. Le 26 avril 1978, un club étudiant d’Anderlecht vole la réplique. Un coup monté pour l’élection présidentielle. En guise de punition, les élèves devaient confectionner un costume. Chaque année Manneken Pis porte ce costume lors du baptême étudiant à Bruxelles. Au lieu d’eau, le petit bonhomme urine sur un baril de bière. La ketje van Brussel compte désormais plus de 1000 costumes dans sa garde-robe, offerts par des donateurs du monde entier.

Enfin : qu’en est-il de la statue du Manneken Pis à Geraardsbergen ? Selon la légende, il s’agirait d’une réplique, offerte par les Bruxellois car les habitants de Geraardsbergen avaient aidé à appréhender les soldats anglais qui avaient enlevé le Manneken Pis en 1745. Mais Manneken Pis van Geraardsbergen n’est pas une réplique. Cette statue elle-même remonte au XVe siècle et est donc plus ancienne que le Manneken Pis de 1619 de Hieronymus Duquesnoy l’Ancien. La Juliane du ‘Julianekensborre’, mentionnée dès 1388, serait plus âgée que le garçon qui fait pipi à Geraardsbergen. Bref, la querelle entre les deux villes n’est toujours pas résolue.



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