Cette exposition est purement pour les femmes


Par Dirk Krampitz

L’Art nouveau était l’époque qui mettait l’accent sur les femmes et leur corps comme décoration et ornement. « Mais c’était aussi l’époque où les femmes étaient poussées vers les professions libérales », explique la conservatrice Anna Grosskopf.

Avec sa collègue Julia Meyer-Brehm, elle a utilisé la période Corona pour fouiller la collection du musée Bröhan sur une base sexospécifique. Le résultat fut l’émission intitulée « View ! Art et design par les femmes 1880-1940 ».

Des œuvres de sculpteurs, céramistes, orfèvres, verriers, créateurs de mobilier, de porcelaine et de textile y sont exposées. L’exposition retrace les diverses œuvres et biographies des artistes et illustre leurs contributions au développement de l’art et du design européens. Sur la base de biographies et d’environ 300 expositions, un éventail de différents parcours de vie et réalisations artistiques devient clair.

Hedwig Marquardt : « Fille aux oranges », 1919 Photo: maison de vente aux enchères Neumeister

Sur plus de 20 000 objets de la collection du musée Bröhan, seuls 1 500 environ provenaient de femmes. Aux près de 1 000 artistes masculins de la collection s’opposent 99 artistes féminines.

Ce n’est pas étonnant, puisque les femmes n’ont été admises dans les écoles d’art telles que l’Académie royale des arts de Prusse à Berlin qu’en 1919.

La sculptrice Chana Orloff dans son atelier parisien, 1924

La sculptrice Chana Orloff dans son atelier parisien, 1924 Photo : VG Bild-Kunst, Bonn 2022

La fondation de la Sécession de Berlin en 1898 a été une étape importante, car les 68 membres fondateurs comprenaient également quatre femmes artistes. Elle fut ainsi la première association à accepter dès le départ des femmes comme membres à part entière.

Il y a beaucoup de céramiques d’artistes femmes dans la collection Bröhan. Car après la Première Guerre mondiale, les femmes étaient particulièrement nombreuses dans ce domaine, y compris aux postes de direction.

Affiche Forwards de Julie Wolfthorn, avant 1902

Affiche Forwards de Julie Wolfthorn, avant 1902 Photo: Martin Adam

Fabriquer des meubles était plus difficile. Au moins une bibliothèque de Gertrud Kleinhempel de 1905 peut être vue, ainsi que la « cuisine de Francfort » de la seule architecte permanente de Francfort, Margarete Schütte-Lihotzky. Son nom se confondait tellement avec sa cuisine que plus tard dans les interviews, elle disait toujours : « Je ne suis pas une cuisine ! »

« Cuisine de Francfort » de Margarete Schütte-Lihotzky, 1926/1929/30 Photo: Martin Adam

Musée Bröhan, jusqu’au 4 septembre, Schloßstr. 1a, mar.–dim. 10h–18h, 8/rec. 5 euros, ☎ 32 69 06 00



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