Cette année aussi, les promesses électorales des partis politiques sont calculées. Et cette fois l’exercice doit être une réussite


Un mois avant les élections, le Bureau fédéral du Plan proposera à nouveau un calcul des programmes électoraux. Beaucoup de travail a été réalisé en coulisses pour faire de cet exercice un moment fort de la campagne cette fois-ci.

Jeroen Van Horenbeek

« Malheureusement, rien n’est parfait dans la vie. Par conséquent, cette fois aussi, un problème peut survenir à gauche ou à droite. C’est inévitable si l’on veut réaliser un exercice d’une telle envergure en quelques semaines seulement. Mais depuis l’été, nous discutons avec les partis sur une nouvelle méthode de calcul. Et normalement, cela améliorera grandement le résultat final», explique Baudouin Regout, commissaire du Bureau du Plan.

Le mardi 7 mai, c’est le jour J. En pleine campagne, le Bureau du Plan présentera pour la deuxième fois de la journée son calcul des programmes électoraux. La loi qui rend possible cet exercice a été approuvée à la fin du gouvernement Di Rupo. Cette sélection doit permettre aux électeurs d’examiner les promesses des partis politiques avec le sens de la réalité nécessaire. De cette façon, ils savent s’ils sont financièrement réalisables.

L’exercice n’est certainement pas évident. Le calcul des programmes électoraux par une institution gouvernementale telle que le Bureau du Plan n’est effectué que dans quelques pays. Au Canada et en Australie, un audit est effectué par le Bureau parlementaire du budget, une institution indépendante affiliée au Parlement. Mais cela ne prend pas en compte, par exemple, les effets bénéfiques des mesures. Aux Pays-Bas, le calcul des programmes électoraux relève du Bureau central du Plan depuis 1986. Mais la participation y est volontaire. PVV et BBB, entre autres, vainqueurs des dernières élections, n’y participent pas.

Des problèmes

Lors du tout premier calcul du Bureau du Plan, avant les élections de 2019, deux problèmes fondamentaux se sont posés. D’une part, il s’est avéré impossible de calculer l’ensemble des programmes de tous les partis politiques disposant d’au moins un siège parlementaire. Les partis pouvaient donc choisir le nombre de mesures qu’ils souhaitaient faire calculer par les experts du Bureau du Plan. Une méthode qui encourageait à « tricher ». Les dirigeants des partis sont bons mais pas fous : les idées électorales coûteuses ou risquées étaient souvent soigneusement rangées. Par exemple, PVDA-PTB n’a finalement présenté que trois mesures.

D’un autre côté, le Bureau du Plan s’est montré incapable d’élaborer une série de propositions importantes et de grande portée, car il s’aventurait trop loin « hors des sentiers battus ». Pensez à la loi climatique de Groen, à l’arrêt de l’immigration du Vlaams Belang ou à la taxe des millionnaires du PVDA-PTB.

De cette manière, le bas du calcul était supprimé et les électeurs curieux disposaient de peu de points de comparaison entre les programmes électoraux. Le Bureau du Plan a par exemple calculé que les mesures proposées par le Vlaams Belang coûteraient 9 milliards d’euros. Mais selon le parti, cette facture serait largement compensée par un arrêt total de la migration. Quelque chose qui n’a pas pu être testé.

Baudouin Regout, le commissaire du Bureau du PlanImage RV

Comment les choses peuvent-elles être (beaucoup) meilleures cette fois-ci ? CEO Regout : « Nous avons convenu avec les douze partis concernés qu’ils nous fourniraient d’ici le 15 février une liste de leurs trente propositions électorales les plus importantes. Et ces propositions doivent être réparties sur huit grandes catégories : la fiscalité, le marché du travail, la protection sociale, la politique économique, la santé, le fonctionnement de l’État, les investissements publics mais aussi l’énergie, la mobilité, le climat et l’environnement. Chaque parti est encouragé à soumettre au moins une mesure dans chacune des catégories. Nous espérons ainsi éviter les jeux stratégiques de 2019. Les partis politiques en Belgique sont légalement obligés de participer et ils ont tous accepté cette méthode.»

Plus longue distance

Parallèlement, le Bureau du Plan a travaillé ces dernières années pour accroître son expertise dans un certain nombre de dossiers, souvent en collaboration avec d’autres institutions gouvernementales. Les effets socio-économiques des mesures migratoires (au moins la migration légale) pourront probablement être calculés cette fois-ci.

Il en va de même pour la loi climat et la taxe des millionnaires. Selon une première estimation du Bureau du Plan, cela pourrait rapporter jusqu’à 4,7 milliards d’euros. Des accords ont été conclus avec le fisc pour mieux cartographier les recettes de la lutte contre la fraude fiscale. Tout cela devrait donner à l’exercice une base plus substantielle.

Même si des lacunes demeurent. Par exemple, le Bureau du Plan ne peut pas s’aventurer dans des propositions contraires à la Constitution ou aux traités internationaux existants. Pensons au programme confédéral très discuté de la N-VA, à l’abolition de la famille royale ou à la sortie de plusieurs accords de libre-échange. Le calcul des propositions sur des thèmes « plus doux » comme l’éducation reste également difficile. Selon le Bureau du Plan, l’impact socio-économique des mesures est souvent difficile à quantifier.

Quoi qu’il en soit, la triche reste aujourd’hui possible. Qui a dit que les partis ne garderaient pas en réserve les grandes promesses électorales ? Cela semble impossible à éviter. Regout : «L’échec est toujours une option. Mais je suppose que la presse et la population peuvent aussi jouer leur rôle. Un débat démocratique peut alors éclater sur les raisons pour lesquelles un parti ferait une telle chose. Notre travail est de fournir des chiffres solides.

Un rapide sondage au siège politique montre que les gens veulent prendre au sérieux les calculs du Bureau du Plan. Même si le scepticisme demeure également. Par exemple, la N-VA estime depuis longtemps que les modèles mathématiques du Bureau du Plan favorisent la politique économique de gauche par rapport à la politique économique de droite. Par exemple, autour des restrictions sur les prestations. « Mais nous allons rendre l’exercice normal. Tout comme en 2019 », peut-on lire. Vooruit proposera également son propre audit financier.



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