« C’est le plus gros revers auquel Vivaldi et Open Vld ont dû faire face »: à propos du limogeage du secrétaire d’État De Bleeker

Bonsoir Bart. Cette mise à pied est-elle inattendue ?

« Oui, pour être honnête. Bien sûr, un conflit couve depuis un certain temps entre le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et son collègue du parti De Bleeker au sujet des chiffres budgétaires. L’opposition N-VA a découvert la semaine dernière que De Bleeker avait à elle seule ajusté à la baisse les chiffres présentés précédemment, car elle supposait que les mesures énergétiques temporaires seraient structurellement maintenues, sans tenir compte d’éventuelles compensations. La secrétaire d’État a été repoussée, ce qui a coûté au Premier ministre et à elle-même une journée difficile à l’hémicycle jeudi. Mais cela semblait être la fin.

« Maintenant, il semble qu’il y ait encore des erreurs dans les chiffres du budget. De vraies erreurs, cette fois. Pensez aux erreurs de calcul, aux chiffres mal interprétés. Le cabinet De Bleeker ne les a peut-être pas inscrits dans le budget lui-même, mais il ne les a pas non plus retrouvés. Le résultat est une autre honte pour le travail budgétaire du gouvernement.

Est-ce un motif de licenciement suffisant ?

« Apparemment, c’est le cas pour le Premier ministre et la direction du parti. Ce sont en soi des erreurs assez superficielles, des bêtises pour ainsi dire, mais on a l’impression que le budget est un travail bâclé. Si vous avez déjà un tiret derrière le nom, la sortie peut suivre rapidement. Comparez cela au football : après un premier carton jaune, il suffit souvent de peu de choses pour envoyer un joueur hors du terrain pour une deuxième infraction. De Bleeker aimait se vanter dans les interviews qu’elle ferait preuve d’un zèle budgétaire thatchérien de fer. Le secrétaire d’État n’a jamais pu concrétiser cette ambition.

En début de semaine, De Bleeker semblait avoir raison aux yeux de nombreux analystes.

« Cela a peut-être accru le ressentiment du Premier ministre. En ce qui concerne ce premier conflit, vous pouvez en effet vous demander si une erreur factuelle a été commise. Il semble que De Bleeker ait voulu agir avec prudence et principe. Avec laquelle elle a bien sûr mis en valeur son propre Premier ministre et son gouvernement. La secrétaire d’Etat est ainsi devenue un peu l’héroïne de l’opposition. C’est différent maintenant. Maintenant, il y a de vrais ratés. Et encore une fois : si vous avez encore peu de crédit auprès de votre propre parti, un licenciement peut en résulter.

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement ?

« Non, c’est le plus gros revers auquel Vivaldi et certainement l’Open Vld ont dû faire face jusqu’à présent. Cette démission pousse là où ça fait mal cette coalition hétéroclite. Il y a très peu de discipline budgétaire. Ceci est bien sûr lié à la succession des crises, mais le point de départ budgétaire de ce pays n’était déjà pas très rose et le déficit et la dette totale augmentent fortement. La Belgique fait partie des élèves les plus faibles de la classe européenne et fait peu d’efforts pour se réformer. La Commission européenne s’en inquiète également.

« Ce conflit attire toute l’attention sur ce point faible du gouvernement De Croo. C’est certainement une histoire douloureuse pour les libéraux, qui devraient être idéologiquement en faveur de la discipline budgétaire.

La nouvelle secrétaire d’État sera-t-elle Alexia Bertrand ? Qui est-elle?

« Un choix surprenant, car Alexia Bertrand appartient en réalité au MR. Pour les libéraux francophones, elle a jusqu’ici mené l’opposition en Région bruxelloise. Bertrand est considérée comme un grand talent, plutôt du type libéral noir, mais elle était un peu coincée à sa place. On s’attendait à ce que Georges-Louis Bouchez la lance déjà comme ministre des Affaires étrangères, mais il ne l’a pas fait explicitement. Il a choisi l’outsider Hadja Lahbib, également bruxelloise. Avec Sophie Wilmès aussi, les tops libérales de la capitale sont très grosses.

« Bertrand était très déçu du choix de Bouchez, mais ce virage convient à tout le monde. MR et Open Vld résolvent un problème de personnel : une partie a trop de top players en région bruxelloise, l’autre trop peu. Mme Bertrand est également parfaitement bilingue et a déjà été invitée de bienvenue dans des émissions politiques à la VRT. Elle est la fille de Luc Bertrand, l’entrepreneur bien connu, qui est toujours président de la holding Ackermans Van Haaren.



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