Revenons à il y a trois semaines : Charles Michel annonce qu’il se retirera de la liste européenne du MR et prendra son siège au Parlement européen. Mais cela signifie qu’il devra quitter la présidence du Conseil européen six mois plus tôt. Il ne peut pas cumuler cette position avec celle de membre du Parlement européen. Il fait peut-être campagne en tant que « président européen », mais certains diplomates européens remettent toujours en question cette position et mettent en garde contre un « conflit d’intérêts ». C’est ce qu’écrit le site d’information Politique basé sur plusieurs responsables anonymes.
« C’est tout à fait injuste et irrespectueux du rôle du Conseil européen », répond un diplomate européen. On craint également à Bruxelles que Michel n’abuse de son mandat actuel pour faire campagne, par exemple en utilisant du personnel et du budget pour sa campagne électorale. Un responsable souligne l’agitation suscitée par les « frais de voyage excessifs » de Michel il y a un an.
Politique a pu consulter un document interne montrant que le budget ou le personnel « ne peuvent pas être utilisés pour des activités liées à la campagne électorale ». Mais Michel pourrait toujours bénéficier d’une protection de sécurité même pendant les événements de campagne, ajoute-t-il.
« La question de savoir si une candidature au Parlement européen est appropriée à la lumière de cette responsabilité est une chose que Charles Michel doit juger par lui-même », a déclaré la ministre autrichienne de l’UE Karoline Edtstadler à la presse locale la semaine dernière. Le Premier ministre luxembourgeois Luc Frieden est clair et souhaite trouver une « solution provisoire ». Selon lui, il vaudrait mieux que notre Premier ministre Alexander De Croo – puisque notre pays préside l’UE jusqu’en juin – ou un candidat par intérim prenne la relève de Michel.
Accomplissement personnel
La pression sur Michel pour qu’il démissionne maintenant s’accroît également au Parlement européen. Jens Geier, le leader des sociaux-démocrates allemands au Parlement européen, a qualifié la décision de Michel de « voyage d’ego » qui « l’oblige à démissionner de ses fonctions ». L’eurodéputée belge Kathleen Van Brempt (Vooruit) estime que Michel « devrait démissionner maintenant ou dans un mois ».
La décision de Charles Michel de prendre une retraite anticipée est critiquée depuis des semaines. Les politologues et collègues politiques européens ont critiqué le « manquement au devoir ». « C’est non seulement égoïste, mais aussi irresponsable », a-t-il déclaré. Mais Michel n’a pas l’intention de démissionner maintenant. « Il suivra parfaitement les règles et il n’y a aucune raison pour qu’il démissionne », a déclaré un responsable proche de lui.