Deux des films espagnols les plus intéressants de l’année dernière, « Destello bravío » et « Espíritu santo », avaient un point commun suggestif : l’utilisation d’environnements costumbristes, des lieux suspendus dans le temps, qu’il s’agisse d’une maison de ville en Estrémadure ou d’un bar à Elche- à la fois comme un clin d’œil ironique bizarre et comme un rappel de la permanence d’une pellicule, décadente et, dans une certaine mesure, menaçant l’Espagne.
Celia Giraldo, l’une des réalisatrices de ‘Someone’s daughter’ (2019), semble reprendre une partie de cet esprit dans le clip vidéo ‘As she danced’, aperçus de ces deux films. Ne vous souvenez-vous pas de ces dames donnant des coups de pied au jeu et prenant un café estival en noir et blanc comme celles du film Ainhoa Rodríguez ? L’esthétique de cet hôtel, avec ses arcades gréco-latines, son buffet gratuit hyperglycémique et ses réceptionnistes déguisés en José Luis et leurs vestes, ne renvoie-t-elle pas à celle du film de Chema García Ibarra ?
En accord avec les images évoquées par la chanson chahutée de Los clowns de la tele et la relecture féministe élaborée par Rigoberta Bandini et Amaia, le clip de ‘Así bailaba’ propose un choc visuel entre des environnements décrépits et endormis et l’attitude festive et transgressive de les chanteurs animés par le souvenir de leur vivacité d’enfance. Une fête aux échos visuels des virées mythiques de ‘Le Loup de Wall Street’ et ‘La Grande Belle’.