F.La carrière des femmes est un parcours du combattant. Les difficultés objectives sont connues : l’ostracisme permanent envers celles qui sont encore en âge de procréer, le retard accumulé par celles qui sont allées en congé de maternité, le préjugé négatif sur les qualités de leadership, et on pourrait continuer.
Plus rarement, nous nous concentrons sur les barrières subjectives qui entravent le développement de carrière.
En discutant avec le responsable du personnel d’une grande entreprise, j’ai appris que il existe des stratégies que les femmes appliquent rarement lors des entretiens pour un rôle plus élevé.
« Ceux qui sont courageux et viennent me parler d’abord sont bien moins nombreux que les hommes », explique le recruteur. Par ce sens que les premières à penser qu’elles ne méritent pas d’avancement sont les femmes.
« C’est une question de méconnaissance de ses capacités, c’est vrai. Mais d’un autre côté c’est aussi une question d’honnêteté : beaucoup de femmes pensent qu’elles n’auront pas le temps et l’opportunité d’accomplir une tâche plus complexe« .
Les horaires et les modes de travail restent donc un obstacle objectif, car calqués sur une disponibilité et une flexibilité typiquement masculines. Ou du moins répondent-ils encore à un modèle familial où la femme s’occupe seule de la maison.
Cependant, il existe d’autres situations dans lesquelles les travailleuses qui ont le courage d’aspirer à quelque chose de mieux se boycottent. « Quand je leur demande pourquoi je devrais les promouvoir – explique mon interlocuteur – ils me donnent une image des choses qu’ils savent faire et de ce qu’ils font déjà ».
Et est-ce une erreur ? « Bien sûr, ce que j’aimerais savoir, c’est ce qu’ils seraient capables de faire dans le poste auquel ils aspirent. Par exemple, s’ils visent un rôle de coordination, ils doivent me parler de leurs compétences en tant que leaders, motivateurs, organisateurs ».
Mais alors il y a ces qualités ? Dans une enquête sur laquelle j’ai récemment travaillé avec Ipsos-EY, il est apparu que ce sont justement les femmes elles-mêmes qui ne se reconnaissent pas comme des qualités de leadershipqu’ils attribuent plutôt aux hommes avec une large marge.
C’est donc aussi en nous-mêmes qu’il faut creuser pour trouver ce leader que nous (ne croyons) pas être.
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