« Certains se demandent s’ils auraient dû le voir venir » : les proches de Pichal vivent eux aussi un enfer

L’arrestation du présentateur radio Sven Pichal provoque une onde de choc dans son entourage. Il n’est jamais facile pour les proches de comprendre comment quelqu’un peut être cité dans un dossier de maltraitance. « Parfois, les partenaires sont même punis plus sévèrement que les auteurs », affirment les experts.

Paul Noteteirs

« Je suis déçu et un énorme sentiment de honte m’envahit. » Dimanche matin, le frère aîné de Sven Pichal a reçu le message selon lequel le présentateur radio était en train d’être enregistré. Le soir, il a découvert, avec le reste de la Flandre, ce qui s’était réellement passé. L’homme a été arrêté jeudi et est soupçonné de possession et de diffusion d’images d’abus sexuels sur des enfants. Son frère est particulièrement touché et veut d’abord attendre l’enquête, mais dit qu’il ne veut pas le laisser tomber. « Il a toujours été un bon frère qui nous a soutenu dans les moments difficiles. Nous resterons une famille proche et nous serons désormais également là les uns pour les autres.

La réaction du frère de Pichal est humaine mais frappante. Il existe peu d’affaires pénales qui affectent autant la société que celles impliquant des abus contre des enfants. Le présentateur de radio n’a pas encore été inculpé et il n’est désormais plus question de condamnation, mais des inconnus le grondent sur les réseaux sociaux. Il est moins évident pour les proches d’adopter une attitude aussi simpliste. Les nombreux et beaux souvenirs qui accompagnent un lien personnel ne peuvent pas toujours être conciliés avec les faits sur lesquels la police enquête.

« Les proches des agresseurs luttent souvent contre la honte et la colère, mais ils peuvent aussi éprouver des sentiments positifs. Ils ne disparaissent pas comme ça», explique la psychologue Ninke Duquet. Elle travaille comme coordinatrice d’équipe chez Stop it Now !, la ligne d’assistance téléphonique destinée aux personnes préoccupées par leurs sentiments et leur comportement avec les mineurs. Il y a quelques mois, l’organisation a également lancé une plateforme ciblant spécifiquement les proches de ces personnes.

Cela n’a rien d’étonnant : un quart des 2 500 demandes d’aide reçues par la plateforme au cours des six dernières années provenaient de personnes préoccupées par le comportement d’un proche. Grâce à des groupes de pairs et à un forum en ligne, ils devraient recevoir le soutien qui leur manque souvent dans le monde extérieur. C’est précisément parce qu’il existe un tel tabou sur la maltraitance des enfants que la famille ou les amis ne peuvent souvent pas compter sur la compréhension lorsqu’ils racontent leur histoire.

« Certains se demandent également s’ils auraient dû le voir venir et s’ils auraient pu faire quelque chose pour l’empêcher. Mais la responsabilité incombe toujours à l’auteur des faits», précise Duquet.

Abus de confiance

Surtout pour le partenaire d’une personne soupçonnée dans une affaire de maltraitance (numérique) d’enfants, les réactions du monde extérieur sont souvent particulièrement dures. «Ils sont parfois même punis plus sévèrement que les auteurs», explique Els Van Daele, médecin légiste du centre d’aide aux délinquants ITER. Lorsqu’un condamné reste en prison pendant une période plus longue, ses partenaires doivent soudainement faire face à un revenu réduit de moitié. Pendant ce temps, la garde des enfants leur incombe également et ils doivent s’aventurer chaque jour dans un monde extérieur qui n’est pas toujours compréhensif.

ITER propose donc également une thérapie aux proches des auteurs d’abus sexuels sur des enfants. Chaque processus est différent, mais l’organisation souhaite avant tout offrir aux gens la possibilité de raconter leur histoire sans courir le risque d’être à nouveau immédiatement condamné. L’un des aspects les plus difficiles de tels scénarios reste l’abus de confiance : accepter que quelqu’un ait eu une face sombre et cachée pendant des années est une pilule amère à avaler.

Parfois, les auteurs d’abus sexuels sur enfants parviennent à rétablir la relation avec leur environnement, mais dans tous les cas, cela implique généralement un long traitement thérapeutique. Il est important que les proches puissent indiquer exactement ce dont ils ont besoin. Ce n’est que grâce à une communication ouverte qu’un processus de traitement peut réussir, même s’il se déroule rarement sans heurts et qu’il est difficile de faire des généralisations à ce sujet.

Duquet affirme qu’il est utile pour le processus de traitement des agresseurs de ne pas perdre tout contact avec leurs proches. « L’isolement social a un effet plutôt négatif sur les rechutes », dit-elle.

Lorsque le partenaire offre son soutien, cela peut encourager l’agresseur à assumer ses responsabilités. La communication ouverte au sein d’un lien étroit leur permet de faire face à certains faits qu’ils pourraient autrement cacher sous le tapis. « Cela peut aider à envisager une thérapie à long terme. Si tout le monde les laisse tomber, l’isolement menace. Le contexte relationnel est donc important pour le rétablissement », explique Van Daele.

Dans le cas de Pichal, sa famille est confrontée à un défi supplémentaire car elle n’a pas eu la possibilité de partager la nouvelle à son propre rythme. « Il y a les auteurs et leurs victimes, mais leurs familles sont également touchées. Ils sont également des victimes, alors qu’ils sont souvent présentés comme des auteurs. C’est traumatisant parce que leur monde s’effondre », déclare Van Daele.



ttn-fr-31