“Certaines entreprises n’existent tout simplement pas”: une lettre explosive expose les abus autour des permis turcs

La lettre de Roosemont au secrétaire général du Département flamand du Travail, datée du 8 novembre 2022, a été distribuée mercredi aux membres de la commission Travail au Parlement flamand, où se déroulera une audition spéciale sur la saga des permis turcs et marocains jeudi.

Le Service flamand de la migration économique, l’Inspection sociale flamande, l’Office fédéral des étrangers (DVZ) et la Direction des affaires consulaires du SPF Affaires étrangères doivent rendre compte de leur rôle en la matière. Plus tard jeudi, il appartiendra également au ministre flamand du travail Jo Brouns (cd&v).

De quoi s’agit-il encore ?

Depuis 2019, les employeurs qui ne peuvent pas pourvoir les postes vacants pour une profession en pénurie peuvent faire venir ici des citoyens non européens pour faire le travail via un “permis combiné”. Seuls certains semblent abuser de ce canal de migration, découvert Le matin. Par exemple, il s’est avéré que le consulat belge à Istanbul, en Turquie, a bloqué des centaines de dossiers de personnes souhaitant venir travailler en Flandre. Toujours au consulat de Rabat au Maroc, 80 candidatures potentiellement frauduleuses ont été bloquées.

Il est frappant que le consulat général d’Istanbul soit intervenu après un témoignage sur RTL d’une victime de l’affaire Borealis. Un deuxième élément a été la forte augmentation du nombre de demandes. “Fin septembre 2022, le compteur s’élevait déjà à 1 227 demandes de visa, le nombre de demandes au cours de ces trois derniers mois dépassant déjà le nombre total de demandes sur l’ensemble de l’année 2021 (619)”, écrit Roosemont.

“Les entreprises n’existent tout simplement pas”

Roosement dit également dans sa lettre que certaines demandes de visa ont été examinées au hasard, et arrive à des conclusions remarquables :

“Les cabinets affirment ne pas connaître les personnes qui demandent un visa (…). D’autres affirment que le nom de leur cabinet a été utilisé frauduleusement. D’autres cabinets n’existent tout simplement pas.”

« Dans les dossiers examinés, la plupart des entreprises sont des micro-entreprises qui font peu ou pas de profit.

“Dans les dossiers examinés, la plupart des entreprises n’ont aucune visibilité sur internet ou aucune trace d’elles n’est retrouvée sur Google Maps.”

“Le profil des salariés correspond généralement à celui d’un jeune célibataire sans emploi qui n’a jamais voyagé auparavant dans l’espace Schengen.”

Dans la lettre, Roosemont indique également que “plus de la moitié des employés qui ont reçu un visa en juin, juillet et août” ne sont pas encore inscrits au registre des étrangers. Cependant, certains avaient déjà reçu un refus de rester de l’Allemagne. Combiné au fait que certains ont aussi explicitement demandé s’ils pouvaient également se rendre en Allemagne avec leur visa belge, “cela peut indiquer que certains sont allés en Allemagne et y ont demandé une protection internationale après avoir détruit leur passeport”.

Les exigences ne sont vérifiées qu’après l’arrivée

Un mois plus tard, une réponse de Flandre suit. Dans ce document, Dirk Vanderpoorten, secrétaire général du Département du travail, écrit que «Lors de la délivrance d’un permis de travail, le Service de la migration économique se base sur les informations qui nous sont fournies par l’employeur. La question de savoir si l’emploi répond effectivement à ces exigences ne peut être vérifiée qu’une fois que l’employé est en Belgique et a commencé l’emploi.

“Les doutes sur des intentions abusives sont, à notre avis, insuffisants pour refuser des admissions, dans la mesure où elles ne sont pas réellement confirmées”, sonne également la défense des Flandres.

“C’est la confirmation de ce que nous disons depuis le début”, a déclaré le député Vooruit Ben Segers, qui a soulevé la question la semaine dernière. « Apparemment, nous ne faisons des vérifications qu’après. Il s’agit d’une culture cochée jusqu’à et y compris. »

Selon Segers, le fait que ce soit finalement le consulat qui ait bloqué les dossiers est significatif. “Apparemment, les gens peuvent travailler avec Google Street View au consulat. Pourquoi cela ne peut-il pas être fait au service compétent en Flandre ?”



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