Le Soudan et sa capitale Khartoum sont en proie au chaos et à la violence alors que l’armée est engagée dans une bataille acharnée contre les paramilitaires. Henri Hemmerechts (52 ans) a réussi à s’échapper, mais a connu des journées infernales. En route pour Amman, la capitale jordanienne, il appelle Le matin. « J’ai dû me mettre à genoux et une Kalachnikov m’a frappé à la tête. »
Pendant des jours, le plongeur belge Henri Hemmerechts a été coincé dans l’enceinte de l’ambassade des Pays-Bas à Khartoum, la capitale soudanaise. On lui a ordonné de rester dans cette cachette, mais il s’est échappé plusieurs fois pour aller chercher des gens. «C’était dur comme de la pierre. On m’a tiré dessus, il y a eu un tir de roquette, il y avait un éclat d’obus dans mon bras. Nous étions au milieu de la zone de conflit. Une sorte d’apocalypse zombie. Il n’y avait ni électricité, ni eau. Voyez juste comment vous allez survivre.
Les combats durent au Soudan depuis plus d’une semaine. Le conflit oppose l’armée et le groupe paramilitaire Rapid Support Forces (RSF). Khartoum est le chaos, dit Hemmerechts. « Il y a des cadavres dans la rue, des cadavres dans des voitures, nous avons croisé des voitures qui ont été touchées par des missiles. Il y a du claquement dans une zone densément peuplée.
Lorsque Hemmerechts a appris où se trouvait le site d’évacuation, lui et quelques amis ont réussi à s’échapper dans une voiture volée. Il était en contact étroit avec des sources néerlandaises et l’ambassade de Belgique au Caire. L’endroit était à 50 kilomètres de la capitale à vol d’oiseau, mais le trajet s’est fait avec d’importants détours. « Khartoum est encerclée par les troupes et les points de contrôle des RSF, donc je me souviendrai longtemps de ce trajet », dit-il. « Parfois, nous ne voyions pas de point de contrôle, puis il y avait des tirs en l’air, nous revenions en voiture, nous étions traînés hors de la voiture et nous avions des armes pointées sur nous. »
espion égyptien
Il avait monté un jeu de rôle avec une petite amie soudanaise. « Nous leur avons dit que nous allions dans un endroit sûr parce que nous ne pouvions pas dire que nous allions être évacués. Ce convoi est en partie organisé par l’armée. Hemmerechts lui-même parle arabe avec un accent égyptien, mais RSF associe les Égyptiens à l’armée soudanaise. Ça a mal tourné la première fois. « J’ai dû sortir de la voiture, à genoux, j’ai reçu une Kalachnikov dans la tête et on m’a crié que j’étais un espion égyptien. »
Ils ont changé le plan, l’ami soudanais a servi d’interprète pour le reste du voyage. « Nous étions des gens effrayés en fuite. Pour la plupart dans la voiture, ce n’était pas un jeu de rôle, mais pour moi, ça l’était. Je garde toujours la tête froide.
Hemmerechts se souvient du moment où ils ont roulé entre les deux lignes. « J’ai entendu des grillons. Il n’y avait personne à voir. C’était très calme, il y avait une lumière agréable. Puis ils sont montés dans les lignes de l’armée. Ils avaient reçu l’ordre de laisser passer tous les étrangers. Il a finalement quitté le pays dans un avion militaire. Maintenant qu’il s’est échappé, il remarque le stress. Il est physiquement épuisé. « Je reçois beaucoup de messages doux. Quand je le lis, je commence à pleurer et à revivre ces moments.
Sa destination finale est l’Égypte. Hemmerechts est le fondateur de l’IADP (International Association of Dive Professionals), une organisation à but non lucratif qui se concentre, entre autres, sur la conservation du corail en mer Rouge. Il travaille depuis l’Egypte et le Soudan, et est dans le pays en expédition depuis deux mois maintenant. « Et en fait aussi pour clore un peu, j’ai déjà vu ça venir. »
Depuis sa page Facebook il vlog sur son vol et recueille des dons pour faire sortir plus de gens du pays. « Je ne peux pas aider tout le monde, mais j’essaie quand même d’arranger les choses à distance. Les soudanais doivent également quitter la capitale, un cessez-le-feu (qui a été annoncé lundi soir pendant 72 heures, AB) ne tiendra pas. Ça va être un gâchis, Khartoum sera détruit.
Evacuation et assistance
Des centaines de personnes sont déjà mortes dans le conflit. Plus d’un millier de citoyens européens ont été évacués du pays depuis ce week-end. Jusqu’à récemment, il y avait au total 42 Belges et bénéficiaires (membres de la famille nucléaire) dans le pays. Notre pays a déjà évacué 17 Belges, rapporte la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR). Des efforts sont en cours pour évacuer ceux qui ont indiqué qu’ils souhaitaient partir.
Lorsque des étrangers sont évacués du Soudan, Médecins sans Frontières fait un effort supplémentaire. Pas question de se retirer : l’organisation d’aide espère être bientôt de nouveau active dans la capitale soudanaise Khartoum.
L’équipe belge de MSF travaille actuellement depuis Wad Madani, à 175 kilomètres plus au sud, vers l’Éthiopie. Douze salariés y travaillent, dont un belge. Pour l’instant, c’est une base stable, explique Marc Biot, directeur opérationnel de MSF en Afrique. L’organisation d’aide compte actuellement un total de 40 employés internationaux dans le pays.
AzG prépare une opération à Khartoum, axée sur l’aide médicale, la logistique et l’assainissement. « Pour stabiliser les blessés, empêcher l’éclatement des épidémies et assurer l’accès à l’eau et aux latrines », résume Biot. D’un point de vue médical, les blessures de guerre doivent être soignées et les infections doivent être combattues. « A Khartoum, les cadavres gisent dans les rues, et il y a peu d’eau et d’électricité », explique Biot. Un terrain fertile pour d’éventuelles épidémies.
Un avion avec des fournitures de secours partira de Belgique cette semaine pour Djibouti. Les marchandises doivent finalement aboutir à Khartoum. Ce transport contient principalement du matériel médical pour le soin des plaies, les opérations et les traitements contre le paludisme. De plus, les VSBG (violences sexuelles et sexistes) kits, car des cas de violences sexuelles ont été signalés dans la capitale.