Cela faisait longtemps qu’une émission télévisée en Flandre n’avait pas fait une impression aussi écrasante que « Godforgotten »

« Ma génération de religieux doit faire le ménage ici et nous recevons peu de gratitude pour cela. (…) Nous n’en sommes pas remerciés. Cela fait évidemment mal. C’est ce qu’a déclaré cette semaine Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers. Le matin sur Radio 1. L’évêque, qui est considéré comme faisant partie du mouvement démocrate-progressiste dans l’Église, souhaite que nous regardions également les choses de son côté, maintenant que la série documentaire Paumé on Canvas remet sous les projecteurs l’horreur de la maltraitance des enfants dans l’église. Faut-il vraiment recommencer, semble penser l’évêque.

Eh bien, il faut le faire. Monseigneur Bonny ferait bien de regarder également le deuxième épisode de la série s’il a un peu de temps. Il y entend également l’archevêque Godfried Danneels soupirer devant la presse sur combien il « souffre » lui-même et qu’il est « victime de sa transparence ». Alors qu’à cette époque, il mentait ouvertement sur sa connaissance de nombreux dossiers d’abus dans l’Église belge et sur son rôle dans la dissimulation des violences sexuelles contre les enfants. La souffrance que l’Église connaît à cause des scandales d’abus n’est rien comparée à l’énorme douleur qui a été causée à tant d’enfants pendant des années. L’humilité est un meilleur guide pour l’âme que l’apitoiement sur soi.

Cela faisait bien longtemps qu’une émission télévisée en Flandre n’avait pas fait une impression aussi bouleversante que Paumé. La plupart des faits sont bien sûr connus depuis des années, même s’il reste choquant de constater l’impunité systématique et l’ampleur des abus physiques et sexuels du clergé contre de jeunes enfants sans défense. Paumé a le grand mérite de donner un visage à cette souffrance indicible. Le visage de jeunes vies détruites ; de foyers brisés, détruits au nom du Père.

Les témoignages de parents qui se reprochent d’avoir conduit leur progéniture aux portes de l’enfer dans les internats, collèges et écoles abbayes catholiques sont douloureux. Dans le même temps, les communautés villageoises et urbaines de l’époque étaient souvent bien conscientes que les choses n’allaient pas. L’Église elle-même le savait avec certitude. Il y a plus d’un demi-siècle, le Vatican a organisé une dissimulation structurelle des cas d’abus, comme le soulignent Maarten Boudry et Dirk Verhofstadt dans ce journal. A l’exception de quelques murmures, leurs bouches restèrent longtemps fermées. Par peur d’être exclu d’une communauté où l’Église continuait à exercer un pouvoir d’intimidation jusqu’il y a quelques décennies.

Aujourd’hui, nous vivons à une autre époque. À cet égard, Mgr Bonny a raison. Il est peut-être temps que notre société en tire les conséquences. Elle s’est déchristianisée et sécularisée, mais soutient généreusement l’Église (et les autres religions, mais surtout l’Église) par des subventions, comme si la Belgique était encore un pays catholique. Ce n’est plus vrai. L’Église aime prétendre que bon nombre des histoires scandaleuses sur la maltraitance des enfants sont dépassées. Eh bien, sa propre position sociale a également expiré, tout comme son droit à un généreux soutien gouvernemental.



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