Ce qui distingue Wagenknecht et Maaßen


L’« Alliance Sahra Wagenknecht » est un parti officiel depuis le 8 janvier. Wagenknecht a parlé de « journée historique ». 01/08/2024 | 2h05


ZDFheute : Sahra Wagenknecht a déjà fondé son parti. Hans-Georg Maaßen envisage de faire de l’union des valeurs de la CDU son propre parti. Que signifient ces mesures pour le système de partis allemand ?

Constantin Wurthmann : Je suis convaincu que ces fondations de parti ne provoqueront pas de tremblement de terre dans le paysage partisan allemand. Je ne soutiendrais pas non plus la thèse selon laquelle nous sommes confrontés à une crise ou même à un échec de la démocratie simplement parce que deux hommes politiques, du moins nominalement importants, se sentent choisis pour vouloir faire de la politique pour tout le monde.

Les choses pourraient devenir intéressantes lors des prochaines élections fédérales si Sahra Wagenknecht, en particulier, parvient à surmonter l’obstacle des cinq pour cent, prédit par certains instituts d’études d’opinion réputés.

Ces votes pourraient alors faire pencher la balance lorsqu’il s’agira de former un gouvernement.

Source : Constantin Wurthmann


… représente actuellement la chaire de sciences politiques comparées à l’Université Friedrich Alexander d’Erlangen-Nuremberg (FAU). Il se concentre sur la recherche sur les élections et les électeurs, les attitudes politiques, la recherche sur les partis et la transformation du système de partis de la République fédérale d’Allemagne. Avec ses collègues scientifiques Sarah Wagner et Jan Philipp Thomeczek, il a présenté en 2023 la première étude traitant du potentiel politique de Sahra Wagenknecht.


ZDFheute : Pensez-vous que Sahra Wagenknecht et son parti peuvent jouer un rôle clé dans le paysage politique de ce pays ?
Würthmann : Je vois en fait un potentiel dans ce sens avec Sahra Wagenknecht et son parti. Avec ses sujets, elle a trouvé une niche en termes de contenu et aussi un vide de représentation que d’autres n’ont pas, ou plutôt ne comblent plus, sous cette forme. En d’autres termes, il existe une demande pour leurs idées politiques.

La politicienne de gauche Sahra Wagenknecht envisage de fonder son propre parti. Leurs projets pourraient-ils arrêter la montée de l’AfD ?22 juillet 2023 | 13h25


Elle aura également de bonnes chances d’entrer au Parlement lors des élections européennes de juin. Les obstacles à l’implantation de mandats sont très faibles.

Si elle réussit cette étape lors des trois élections régionales en Allemagne de l’Est à l’automne, il n’y aura pas lieu de s’inquiéter beaucoup pour l’avenir de son parti.

Ces élections seront certainement pour eux une référence.

ZDFheute : Quelles sont les chances de succès de Hans-Georg Maaßen ?

Würthmann : Les choses semblent un peu différentes pour lui. Avec son idée de fonder un parti issu des rangs de l’Union des valeurs, il s’imposerait dans un espace politique déjà occupé par les partis de l’Union CDU et CSU ainsi que par l’AfD.

Même les électeurs libres ont du mal à s’implanter ici à l’échelle nationale, malgré leur plus grande popularité et leur chef de parti Hubert Aiwanger, qui est populaire au moins parmi une partie de la population. Je ne fais certainement pas confiance à Hans-Georg Maaßen pour faire cela. Il faut considérer :

Il n’a jamais été élu à une fonction publique.

En tant que candidat direct de la CDU dans le sud de la Thuringe, il a clairement perdu la lutte pour un mandat direct lors des dernières élections fédérales et a clairement raté l’entrée au Parlement – derrière le SPD et l’AfD. Cela montre qu’il a déjà échoué dans son cours.

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ZDFheute : Que faut-il généralement pour réussir à fonder un nouveau parti ?

Würthmann : Le plus grand défi est certainement de combler une lacune en matière de contenu qui n’a pas encore été comblée. Ce fut le cas des Verts dans le domaine de la politique climatique et environnementale dans les années 1980. C’était également le cas de l’AfD, qui, à partir de 2015, s’est concentrée fortement, voire plus ou moins exclusivement, sur la question de la migration et de l’immigration.

Un parti a besoin d’un argument de vente unique en termes de contenu. Mais cela ne constitue pas à lui seul une majorité. Pour que cela se produise, le sujet doit être pertinent pour les gens.

Cela se voit par exemple au sein du petit parti DieBasis. Dans sa tentative de remporter les élections fédérales de 2021 ainsi que plusieurs élections régionales dans le milieu des négationnistes du corona, elle a échoué de manière retentissante. Cela n’a pas attrapé.

Et enfin et surtout, il est bien sûr important d’avoir une personne connue au sommet. De nombreux facteurs contribuent au succès ou à l’échec d’un parti nouvellement fondé.

Après que Sahra Wagenknecht et ses partisans aient quitté la gauche, la faction de gauche au Bundestag s’est dissoute.14 novembre 2023 | 1h45


L’une des garanties les plus importantes est certainement l’attention médiatique. C’est du moins ce que Sahra Wagenknecht vit actuellement de manière très intense. Normalement, cet intérêt est refusé aux petits partis lors de leur création.

ZDFheute : Avec les deux exemples marquants au sommet, faut-il désormais s’attendre à toute une vague de formations partisanes ?

Würthmann : Non, je ne peux pas imaginer ça. Mais:

Bien entendu, dans le sillage de Sahra Wagenknecht et de Hans-Georg Maaßen, d’autres personnalités connues se sentiront probablement également appelées à proposer leurs solutions politiques.

Nous vivons une époque de crise extrême, ce qui encourage beaucoup de personnes à faire exactement cela. Reste à savoir si cela sera finalement efficace, compte tenu de tous les défis que nous devons surmonter. Pour cela, nous avons besoin de partis forts.

L’entretien a été réalisé par Michael Kniess.



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