OUchacun de nous a une personnalité culinaire, c’est-à-dire un comportement habituel à table, une manière spécifique de penser la nourriture. Qui ne résiste pas à la tentation, qui fait la fête avec de la glace et qui range l’assiette.

Perdre du poids sans régime : 4 règles révolutionnaires

L’acte de manger contient l’écho de notre ADN, nos penchants, la famille dans laquelle nous avons grandi et la vie que nous menons. Se connaître pourrait aider à identifier des stratégies pour se remettre en forme, si besoin est : comme le montre une étude récemment publiée sur Jama et menée par une équipe californienne sur 217 adultes.

Parce que nous avons faim

Les personnalités ou phénotypes alimentaires, expliquent les scientifiques, sont les résultat des interactions entre la constitution génétique, les caractéristiques individuelles se sont développées au fil du temps et de l’environnement. Cela commence de loin. Le stimulus de la faim est stocké dans de robustes circuits de neurones, il est fort au point qu’il a poussé nos ancêtres à surmonter la peur d’aller chasser, au péril de leur vie.

Apprendre à savourer permet de mieux manger (Galerie photo Stock).

Il s’agit d’anciennes routes cérébrales, pavées pendant des centaines de milliers d’années : elles se déplacent à rechercher des nutriments lorsque le ventre est vide et, une fois l’appétit satisfait, ils conduisent à la production de dopamine, avec une sensation générale de bien-être. «Un estomac plein bat le sistre du plaisir et le tambour de la joie» écrivait Gioacchino Rossini, musicien et cuisinier.

Le système digestif et la tête sont indissociables avant un déjeuner. La prise alimentaire est régulée par deux systèmes principaux. La première est la régulation homéostatique, dans laquelle les hormones périphériques signalent au cerveau un déficit énergétique, ce qui nécessite le rétablissement de l’équilibre, déclenchant l’appétit ; l’autre est la régulation hédonique, basée sur ce que l’on appelle mécanisme de récompensesur le plaisir que nous procure manger.

Notre cerveau sait quand les cellules du corps ont suffisamment de « carburant » : une hormone, la leptine, communique la sensation de satiété. Mais certaines zones du cerveau ne cessent de réagir même lorsque l’estomac est plein et, si nous commandons du tiramisu, elles nous inondent de substances au double pouvoir, excitant et analgésique. Comme un petit médicament qui élève le seuil de perception de la douleur, enlève le stress, insuffle la sérénité.

La combinaison du stimulus de la faim, dans toute sa puissance, et de la libération de molécules de plaisir influence notre rapport à la nourriture, de la rapidité avec laquelle nous consommons un repas au type d’aliment que nous préférons, de la quantité à l’heure.

Cinq phénotypes qui mangent trop

Les phénotypes alimentaires peuvent déjà être retracés chez les enfants et continuent de changer tout au long de la vie. Selon les recherches parues sur Jamail existe cinq personnalités les plus courantes liées à une relation avec la table à perfectionner : Être conscient de vos caractéristiques individuelles est un bon pas vers une alimentation plus saine.

Ingérer automatiquement équivaut à manger sans goûter, sans regarder, comme s’il s’agissait d’un geste de vol. Plutôt prendre conscience, par exemple avec la pratique de la pleine conscienceà travers des techniques de méditation, est un entraînement pour se mettre à l’écoute des sens et des émotions en choisissant les aliments, en mâchant.

1 – Les impulsifs

La première personnalité culinaire présentée sur Jama est celui des impulsifs : ce sont des gens qui devant un buffet, des bols apéritifs ou une vitrine de bar ils perdent le contrôle. « Si vous avez du mal à résister, vous pourrez reconnaître que la nourriture exerce une forte attraction sur vous et essayer de mettre en pratique des stratégies d’évitement ou de résistance », conseillent des chercheurs américains.

On a envie de manger ce qu’on voit: c’est comme ça qu’on est, c’est un mouvement ancestral. Pour ne pas tomber dans la tentation de grignoter le pain, mieux vaut ne le mettre sur la table que si c’est au bon moment. Ceux qui cuisinent ont une vie plus difficile, mais il est utile de garder à portée de main des tomates cerises, des concombres, du céleri ou du fenouil pour vous distraire avec des légumes faibles en calories.

2 – En dehors des heures d’ouverture

Ça arrive à grignoter même si ça ne fait qu’une heure depuis le déjeuner, mais ceux qui le font habituellement pourraient se retrouver en fin d’année avec quelques kilos en trop. Par exemple, quelques biscuits peuvent apporter de 20 à 100 calories, selon qu’ils sont secs ou fourrés. Il a été prouvé que tenir un journal alimentaire vous apprend à manger avec la tête avant même le palais et le ventre. Et cela peut vous faire perdre jusqu’à deux fois plus de poids que ceux qui ne notent rien pendant un parcours de perte de poids (comme l’indique une étude menée auprès de 1 700 Américains dans le Centre Kaiser Permanente pour la recherche en santé).

3 – L’émotionnel

« Je mange seulement pour nourrir la douleur », a écrit Alda Merini. Difficile de trouver quelque chose de plus que de la nourriture qui réconforte et soulage le stressC’est vrai.

« Les sept piliers de la pleine conscience » de Maria Beatrice Toro (Vallardi)

Maria Beatrice Toro, directrice didactique de l’École de spécialisation Scint en psychothérapie cognitive interpersonnelle de Rome, l’appelle « la faim du cœur » dans son livre Les sept piliers de la pleine conscience (Vallardi) : « La tristesse, l’anxiété, la colère, le sentiment de vide, la solitude, l’ennui peuvent activer un faux stimulus de faim, car le sentiment de satiété et de récompense que procure la nourriture nous fait penser que nous pouvons apaiser de telles humeurs. (…) En mangeant consciemment, nous pouvons commencer à nous demander de quoi notre cœur a vraiment faim., en acceptant la réponse que nous donnerons. Chaque fois que nous réussissons, ouvrons-nous à une attitude d’acceptation et de non-jugement pour comprendre plus profondément ce que nous mangeons, comment et pourquoi nous le mangeons, et ce que cela nous fait ressentir. Avec cette nouvelle prise de conscience, nous pourrons planter les graines de la transformation».

4 – Les nettoyeurs

S’il devient difficile de résister à un aliment une fois servi et que vous avez tendance à nettoyer votre assiette, l’option évidente est d’opter pour des portions plus petites. Il est toujours temps de faire un rappel et ce n’est pas du temps perdu. Faites attention à la taille des plats: plus ils sont gros, plus la quantité de nourriture destinée à les combler augmente. Le problème vient surtout des fonds, qu’il faut privilégier de petite taille.

5 – Les sprinteurs

Si manger vite équivaut à trop mangervous devriez essayer de ralentir en intercalant les bouchées avec une conversation, en buvant de l’eau et en vous engageant à mâcher plus longtemps.

« A chaque ventre son remède » de Silvio Danese (Sonzogno)

« Il faut de la patience pour se sentir rassasié » écrit Silvio Danese, chef du service de gastro-entérologie à San Raffaele de Milan dans le livre Chaque ventre a son remède (Sonzogno) : « Pour éviter de trop se rassasier pendant un repas, il est bon de garder à l’esprit un facteur déterminant. Lorsque l’estomac voit arriver des graisses, des glucides, des protéines et des fibres, il envoie un message au cerveau qui dit en gros : « Merci, je vais bien comme ça ». Dommage que le message mette une vingtaine de minutes pour être transmis de là-haut. Avez-vous une idée de la quantité de nourriture qui peut être introduite dans notre corps pendant une telle période de temps ? Il faut donc jouer intelligemment. Commencez le repas par une salade ou une assiette de légumes cuits ou crusassaisonné d’un peu d’huile d’olive, est une excellente solution».

En mangeant des produits riches en fibres insolubles, comme les grains entiers, il arrive automatiquement qu’il faille travailler plus que les molaires, la consistance l’exige. Le slow lunch, entre autres, est une merveilleuse façon de rendre hommage aux plats. Le désir est amplifié par la lenteur, savourer est une des manières d’aimer la vie.

Eliana Liotta (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

Eliana Liotta est journaliste, écrivaine et vulgarisatrice scientifique. Sur iodonna.it et sur les principales plateformes (Spreaker, Spotify, Apple Podcast et Google Podcast), vous pouvez retrouver sa série de podcasts Le bien que je veux.

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