Ce que la Grande-Bretagne a raison


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Entre de mauvaises mains, une colonne défendant la Grande-Bretagne devient une liste de twee. Pâtisserie. Files d’attente. Et ainsi de suite et de manière si écoeurante. Vingt ans se sont écoulés depuis « America, Fuck Yeah », une chanson qui récitait les gloires de la vie américaine (« Porno ! Valium ! ») à une époque d’anti-américanisme inspiré par la guerre en Irak. Je ne veux pas que cela se transforme en « Grande-Bretagne, mon Dieu oui », et pas seulement parce que les grandes prouesses de cette île – la lignée Victoria, Nyetimber Blanc de Blancs 1992 – sont moins visibles.

Alors, comment pourrait se dérouler une affaire majeure pour le Royaume-Uni ?

Eh bien, un fait s’est perdu de vue ces derniers temps. La Grande-Bretagne est sur le point de choisir entre un candidat de centre-gauche et un candidat de centre-droit au poste de Premier ministre. Comparez cela aux États-Unis (où Donald Trump est favori pour revenir à la présidence), à ​​la France (où l’extrême droite pourrait occuper des fonctions nationales cet été) ou à l’Allemagne (où il faudra peut-être un cordon sanitaire politique pour les empêcher d’accéder au gouvernement fédéral l’année prochaine). Ou à l’Italie dirigée par les populistes. Ou aux Pays-Bas. Qu’est-ce que c’est, du bon sens inné ? Non, après la dernière décennie, personne n’accusera plus la Grande-Bretagne de cela. Mais cela suggère une nation capable d’apprendre rapidement et de se redresser.

Voici un test proxy de la santé civique. Un pays d’importance similaire à la Grande-Bretagne a-t-il été aussi serein quant à son soutien à l’Ukraine ? Alors à l’abri de la dissidence d’extrême gauche et d’extrême droite ? Les principaux partis britanniques ne font qu’un sur le sujet. Boris Johnson, qui aurait pu se plier aux reproches de l’OTAN, ne l’a jamais fait. S’il s’agit bien de la crise abyssinie de notre époque – une épreuve pour une nation, un test pour les autres – le quasi-consensus britannique restera bien dans les mémoires. La confrontation des deux côtés est un sport marginal, même après que Nigel Farage l’ait fait la semaine dernière.

Un système de planification d’enfer. Un média frivole. Une croyance vague mais indéracinable selon laquelle nulle part ailleurs il n’y a de soins de santé universels. Les défauts de la vie publique britannique sont si bien connus aujourd’hui qu’une personne moyennement instruite, située à dix fuseaux horaires de là, peut en nommer les principaux. Mais il s’agit d’un pays avec un revenu par habitant quelque part entre la France et l’Allemagne en dollars américains courants. Sa capitale reste la destination privilégiée des talents mondiaux, selon une méga-enquête du BCG. La Grande-Bretagne a dû faire quelques paris judicieux.

L’une d’elles est sa spécialisation économique : les services professionnels. Ceux-ci ne comptent pas sur une énergie bon marché ni sur la demande chinoise. Même les pays en proie à une fièvre protectionniste n’hésitent pas à importer, par exemple, des conseils financiers. Ainsi, ce qui semblait être une manière mousseuse de gagner sa vie après le krach de 2008 s’impose désormais comme une couverture judicieuse dans un monde instable. La Grande-Bretagne n’a pas non plus réussi à se frayer un chemin vers le meilleur ensemble d’universités de recherche en dehors des États-Unis. Il a fallu un financement intelligent et une concentration sur la science difficile à concilier avec le cliché d’une nation sous l’emprise des classiques traînants. L’État britannique doit être reconstruit à partir de ses principes fondamentaux. Mais au moment le plus difficile, au milieu du Brexit et de la pandémie, il a réussi à parvenir au pacte Aukus, cette fusion de finesse technique et de vision géopolitique.

Marquez ici le thème : une certaine aisance avec le moderne. La Grande-Bretagne n’est pas « traditionnelle ». Pendant des siècles, elle a été à la traîne du continent en matière d’art, mais pas en matière de changement social. Il n’a pas fallu longtemps pour développer une classe moyenne commerciale. (D’où tous ces compositeurs germano-autrichiens du Londres des années 1700, au service d’un public payant, et non d’un aristocrate imbécile de chez lui.) C’est lui qui s’est industrialisé en premier. Une grande partie de l’environnement bâti, au grand désarroi des nouveaux touristes, est nouvelle et utilitaire. La pire façon de comprendre un lieu aussi protéiforme est de recourir aux drames costumés de l’époque. Downton Abbey genre.

Nous ne devons donc pas terminer sans mentionner le bénéficiaire ultime de l’ouverture de la Grande-Bretagne au changement. Ce n’est pas le seul pays occidental qui élirait un chef de gouvernement non blanc. Mais c’est peut-être le seul où cela susciterait si peu de discussions. Même moi, ayant grandi avec des enfants appelés Rishi, je n’imagine jamais que je céderais un jour mes impôts à quelqu’un de ce nom, je m’en fiche et je suis payé pour trop réfléchir. Les conservateurs pourraient bientôt échanger un dirigeant d’origine est-africaine-asiatique contre un autre. Ou bien ils pourraient varier les choses et élire un candidat élevé au Nigeria. Dans les deux cas, les implications identitaires seront examinées dans, quoi, les journaux du premier week-end ? Si ce? Un miracle silencieux reste un miracle.

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