L’ancien sélectionneur national : « Le Danois sera sur la Grande Boucle après la chute qui l’a maintenu à l’arrêt. Pour inquiéter le Slovène il va devoir changer sa façon de courir »
Et Jonas Vingegaard a finalement levé ses réserves : il sera bien présent au Tour de France. Mais avec quel rôle ? Avec quel état ? Un postulat : d’après ce qu’il a montré ces deux dernières années, le Danois est un véritable phénomène. Le grimpeur le plus fort absolu du monde, le seul capable de s’échapper sur le Tour de France, qu’il a remporté lors des deux dernières éditions, Tadej Pogacar. Mais? Il y a un problème, ou plutôt deux. La première est que depuis le 4 avril, jour de sa chute au Tour du Pays Basque, il a été contraint de passer 12 jours à l’hôpital et d’autres jours de repos absolu. Ensuite, et ce sera la plus grosse difficulté, il lui faudra battre le meilleur Tadej Pogacar de tous les temps. Le Slovène n’a pas eu le moindre problème, il a remporté le Giro d’Italia avec une supériorité embarrassante. Depuis presque 3 semaines, il s’entraîne en altitude à Isola 2000 et d’après ce qui ressort, il se porte très bien.
Rébus Vingegaard
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Une chose est sûre, si Jonas a décidé de venir sur le Tour c’est qu’il se sent prêt et compétitif. Dans le cyclisme d’aujourd’hui, perdre 20 jours d’entraînement, c’est repartir de zéro, ou presque. L’année dernière, Pogacar a lui-même payé le prix de cette chute à Liège-Bastogne-Liège et lors de la troisième semaine du Tour de France, il a connu quelques mauvais jours. Vingegaard est différent, il a la capacité de retrouver une bonne forme en quelques semaines, c’est un coureur léger, mais aura-t-il la profondeur pour tenir trois semaines ? Aura-t-il réussi à entraîner son corps à résister à des montées de 15/20 kilomètres ? Il va certainement devoir changer sa façon de courir. Je pense qu’il devra essayer de se défendre dans les premiers temps, puis espérer grandir de jour en jour. C’est une de ses caractéristiques, plus la course va loin, plus il va fort mais pour lui ce Tour sera une première absolue, car il n’a jamais eu de problèmes de ce genre. Étant un coureur extraordinaire, je suis sûr qu’en l’absence de Pogacar, il aurait encore été l’homme à battre, mais avec le Slovène, tout change. Je suis sûr qu’il ne partira pas battu : c’est un Danois, froid, réfléchi, têtu, déterminé et qui n’a jamais eu peur de ses adversaires. Vous souvenez-vous de l’étape Granon au Tour 2022 ? Tadej Pogacar avait l’air imbattable, mais il l’a attaqué et l’a emmené.
visite, facteur météo
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Ensuite, il y a une autre considération à prendre en compte : le vainqueur du dernier Giro d’Italia a montré à plusieurs reprises qu’il souffrait de la chaleur. Eh bien, ce sera le thème de ce Tour : Jonas cherchant désespérément les faiblesses des autres, c’est-à-dire Tadej. Ce sera un défi physique mais aussi psychologique. L’homme à battre est Pogacar et il sera braqué sur lui. Il devra garder la course sous contrôle et s’il venait à attaquer quelqu’un, son équipe (très forte) prendra les rênes du groupe. Vingegaard, en revanche, n’aura qu’un seul objectif, contrôler et tenter de sortir Pogacar du bois. Il courra pour les lancers, il pourrait même faire semblant d’être malade et « exploiter » ce qui lui est arrivé en avril. Si quelqu’un lui demande quelque chose, il pourra dire : je suis tombé, je ne vais pas bien, je ne suis pas en forme, je suis là par hasard. Mais cela pourrait aussi être prétactique, cela pourrait être un mensonge. Parce qu’à mon avis, ça ira fort, très fort. Mais je ne sais pas si c’est suffisant pour battre un Martien né et élevé en Slovénie.
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