Carburant Fandango / Romance


Ça fait mal aux yeux de vérifier la date de parution de certains albums programmés pour éclater en 2020, albums qui n’ont pas pu être travaillés correctement en raison de la paralysie du monde. Le dernier de Fuel Fandango à ce jour, « Origen », est sorti le 24 janvier de cette année-là pour se faire oublier, un mois et demi avant le confinement. C’était le numéro 1 en Espagne lorsque les magasins étaient encore ouverts, mais il leur était peu utile lorsque leurs performances en direct étaient intermittentes, incomplètes, insuffisantes.

2 ans et demi plus tard, ‘Romances’ est un projet de transition, une rencontre de 6 chansons créées pendant la pandémie avec des amis artistes, avant que Nita et Ale ne fassent une pause pour se réinitialiser et trouver de nouveaux chemins. Le format EP laisse suffisamment de liberté au duo pour ne pas ressentir l’enchaînement d’une cohésion ou d’un concept. Les artistes invités ont aussi peu à faire que Mala Rodríguez et Iván Ferreiro. Pourtant, la personnalité de Fuel Fandango est si écrasante que même ces chansons apparemment sans lien, écrites aux côtés de personnes aussi disparates, ont du sens dans la même version.

Le groupe a expliqué EPE qui n’a pas donné à ces 6 artistes les chansons finies pour chanter une partie, mais a voulu que chaque composition soit élaborée main dans la main et basée sur l’identité du personnage. Cela se voit très clairement dans la production avec Mala Rodríguez, un ‘Iballa’ marqué par la violence, l’agitation (« Avec mon gilet j’arrête tes balles de rage ») mais aussi par l’attirance (« J’entre dans cet endroit et je ne peux pas m’arrêter vous regarde »).

C’est aussi une chanson qui parle de liberté (« Cette fille marche sans peur, cette rage qui grandit à l’intérieur, ces yeux brûlent comme du feu »), qui enchaîne avec d’autres textes de « Romances » qui parlent d’identité, de quête de soi et de notre relation avec la nature. ‘Ruido’, avec le duo populaire du Mali Amadou & Mariam, précise sa mission (« Je voulais me sentir libre, je n’ai jamais voulu fuir / Parfois cette vie ne me laisse pas vivre (…) Je garde ramer, ne sachant pas très bien où aller »).

‘A Sound’ avec Iván Ferreiro est une sorte de poème autour de l’idée d’être une ruée verte, comme dans ce film d’André Techiné dans lequel la survie des roseaux représentait les adolescents qui doivent se tenir debout sur le chemin de la vie adulte. Et ‘Las Manos’, avec sa belle mélodie aux côtés du débutant Leo Rizzi, est l’histoire d’une femme à la recherche de son enfant intérieur.

Peu importe donc que la collaboration avec María José Llergo soit évidemment plus flamenco dans l’utilisation des applaudissements ; que ‘Ruido’ est beaucoup plus rave à ses côtés ; ou que ‘New world’ sonne comme une berceuse quelques minutes après la chanson avec La Mala. Fuel Fandango continue d’être presque un concept en soi : un groupe spirituel, acceptant, avec des productions de plus en plus élégantes, élargissant ici un répertoire de plus en plus séduisant.



ttn-fr-64