Calpers, le plus grand régime de retraite public aux États-Unis, prévoit une poussée de plusieurs milliards de dollars dans le capital-risque international alors que le fonds de 442 milliards de dollars s’oriente vers des classes d’actifs plus risquées dans une recherche de rendements plus élevés après une «décennie perdue».
Le programme basé en Californie a présenté ses plans pour étendre son allocation de capital-risque dans un examen de son portefeuille de capital-investissement de 52 milliards de dollars, publié vendredi. Dans le cadre de la restructuration, le fonds prévoit d’étendre ses investissements en Europe et en Asie.
Calpers pourrait investir jusqu’à 5 milliards de dollars d’argent frais dans du capital-risque, ont déclaré des responsables du programme. Cela en ferait l’un des plus grands investisseurs américains du secteur à un moment où de nombreux fonds ont du mal à lever de nouveaux fonds. Le financement total du capital-risque a chuté de 35% l’an dernier à 445 milliards de dollars, selon la société de données Crunchbase.
« Si vous regardez les programmes de capital-investissement les plus performants, beaucoup d’entre eux ont des proportions extrêmement élevées de leur portefeuille de capital-investissement dans le capital-risque », a déclaré au Financial Times Anton Orlich, directeur général des investissements de Calpers pour la croissance et l’innovation.
« Donc, en gardant cela à l’esprit, Calpers devrait participer davantage à l’aventure. »
Actuellement, 73 % du portefeuille de capital-investissement est affecté au « rachat », c’est-à-dire à l’achat d’actifs et à leur vente avec profit ; suivi de 20 pour cent aux actifs qui génèrent des rendements par le biais de la croissance du capital ou des dividendes. Environ 1% du portefeuille est en capital-risque.
Le document d’examen n’a pas précisé dans quelle mesure l’équipe d’Orlich souhaite développer le programme de capital-risque. Mais il pourrait être augmenté, au fil du temps, d’environ 800 millions de dollars actuellement à environ 5 milliards de dollars, l’allocation devant être finalement fixée par le conseil d’administration de Calpers, selon les responsables du programme.
La proposition intervient alors que Calpers cherche à rattraper ce qu’Orlich a décrit comme une «décennie perdue» de rendements résultant d’une décision de suspendre le programme de capital-investissement du régime de retraite entre 2009 et 2018.
Nicole Musicco, nommée directrice des investissements de Calpers en 2022, estime que cela coûte jusqu’à 18 milliards de dollars de rendements.
Les plans de remaniement du portefeuille interviennent deux mois après que Calpers a admis qu’il avait probablement perdu environ 77 millions de dollars sur ses investissements dans la Silicon Valley Bank et la Signature Bank, qui se sont toutes deux effondrées plus tôt cette année.
Orlich a souligné que la poussée du capital-risque n’était pas seulement une question de rendement mais aussi de diversification, en particulier dans une période où le marché s’attend à des taux d’intérêt plus élevés. Il a ajouté que le capital-risque était une classe d’actifs qui n’avait pas de levier « dans une période où la hausse des coûts va exercer une pression sur les rendements des rachats ».
Le capital-risque est considéré comme un risque plus élevé car le financement est fourni à des start-ups et à des petites entreprises non éprouvées, de sorte que les rendements prennent plus de temps à se matérialiser.
Orlich a souligné que la nouvelle stratégie impliquerait de travailler avec des gestionnaires de haute qualité, d’intensifier le programme de co-investissement et de déployer de manière « cohérente » des liquidités au fil du temps. Malgré l’investissement sur les marchés privés, une classe d’actifs à coûts plus élevés, Orlich a déclaré qu’il était convaincu que des économies importantes pourraient être réalisées grâce à un passage aux co-investissements sans frais ni paiements de surperformance.
Le capital-investissement a été la catégorie d’actifs la plus performante du portefeuille de Calpers, avec un rendement de 21,3 % pour l’exercice se terminant en juin de l’année dernière.
Cependant, au cours des 12 mois précédant mars de cette année, le portefeuille de capital-investissement a diminué de 4,7%, selon des documents publiés la semaine dernière. Cela se compare à son indice de référence, qui a chuté de 16,9 %, et à une baisse de 17,7 % de l’indice MSCI World Equity.
Orlich a déclaré qu’il y avait un « appétit » au sein de l’équipe d’investissement pour porter l’allocation de capital-investissement au-dessus de son objectif actuel de 13% du portefeuille global.
« Cela est en cours de discussion », a déclaré Orlich.
Dans son précédent poste de responsable des investissements alternatifs dans la société de services de santé Kaiser Permanente, Orlich a fait passer l’allocation des alternatives de 15% à plus de 50% pour un portefeuille de plus de 100 milliards de dollars.