"Ça se dirige vers trois pour cent"


Les exigences de l’OTAN envers la Bundeswehr vont probablement augmenter à l’avenir (image symbolique)

Source : dpa


En cas d’urgence, l’OTAN doit être capable de défendre chaque centimètre carré de son territoire. C’est ce que disent leurs lignes directrices. Il existe désormais de nouvelles exigences minimales plus élevées concernant ce que les États membres devront fournir à l’avenir en termes de personnel et de matériel.
Face à la nouvelle situation de menace, l’alliance souhaite augmenter considérablement ses 82 brigades de combat. Pour l’Allemagne, cela signifie que la Bundeswehr devrait ajouter cinq à six brigades supplémentaires aux 50 000 soldats actuels. Un défi pour la Bundeswehr qui ne remplit que partiellement ses engagements antérieurs auprès de l’OTAN.
TN : Scholz reçoit Biden

Les exigences de l’OTAN envers l’Allemagne augmentent également. Cela provoque des troubles à Berlin. 20 octobre 2024 | 4h10


Christian Badia, le général allemand le plus haut gradé de l’OTAN, a contribué à définir l’orientation future de l’alliance. Il parle au ZDFheute des projets, des attentes de l’Allemagne et des conséquences possibles des élections américaines.

ZDFheute : Les nouvelles exigences de l’OTAN viendront-elles ?

Christian Badia : Les exigences sont requises. Et je suppose qu’ils viendront. Je suppose également qu’ils seront levés. Nous n’avons pas seulement cette discussion avec l’Allemagne, mais avec tous les pays partenaires.

Celles-ci concernent essentiellement la période et la manière dont elles peuvent être gérées. Je peux déjà dire que les nations ont toujours confirmé ces exigences, ces nouvelles capacités d’avenir.

Le général Christian Badia, le général allemand le plus haut gradé de l'OTAN, prend la parole lors d'une conférence de presse.

Source : alliance photo / Anadolu


… est le général allemand le plus haut gradé de l’OTAN. Il est commandant en chef adjoint du groupe de réflexion de l’OTAN, Allied Command Transformation (ACT), à Norfolk, en Virginie. L’ACT est l’un des deux quartiers généraux stratégiques de l’OTAN, responsable de la transformation, c’est-à-dire de l’orientation future de l’alliance vers de nouvelles menaces et formes de guerre. Les nouvelles exigences OTAN MCR, Minimum Capability Requirements, ont été rédigées ici.


ZDFheute : Qu’est-ce que cela signifie pour l’objectif de pourcentage de l’OTAN ? Quel pourcentage de la production économique un pays devrait-il investir dans la défense à l’avenir ?

Badia : Un nouvel environnement de sécurité politique, de nouveaux défis, de nouvelles capacités, des forces armées élargies, une préparation opérationnelle plus élevée – cela se traduit bien sûr par plus d’argent.

Cela a été confirmé à maintes reprises : deux pour cent doivent être le minimum pour répondre à ces exigences.

S’ils n’ont atteint que récemment les deux pour cent, s’ils doivent rattraper leur retard, s’ils constatent tous ces défis, alors bien sûr, quelque chose de plus se développera. On se dirige vers les trois pour cent.

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ZDFheute : L’Allemagne doit faire beaucoup d’efforts aujourd’hui…

Badia : Nous avons actuellement 23 États membres de l’OTAN [von insgesamt 32, die Red.]qui sont supérieurs à deux pour cent et sont en passe d’atteindre trois pour cent. Certains sont déjà là-bas. Je ne peux que souligner très clairement que tous les États de l’OTAN s’orientent dans cette direction afin de réellement mettre en place les capacités qui seront nécessaires à l’avenir. Vous pouvez donc constater que les États membres de l’OTAN dans leur ensemble ont reconnu que l’effort était considérable et que nous allions de l’avant.

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ZDFheute : Que se passe-t-il si l’Allemagne ne répond pas aux nouvelles exigences ?

Badia : Les petites nations sont très alignées sur l’Allemagne. L’Allemagne est une nation leader et un exemple. Et bien sûr, il y a une question de crédibilité. […] Je ne peux que préconiser que cette crédibilité, qui est définie par de très nombreux facteurs, mais aussi par l’argent, soit maintenue et entretenue en conséquence.

ZDFheute : Avec le président américain Joe Biden, un homme politique transatlantique majeur fera bientôt ses adieux. Les États-Unis se détourneront de plus en plus de l’Europe et exigeront davantage de l’Allemagne.

Badia : Dans toutes les conversations que j’ai à Washington, on ressent encore une relation transatlantique très forte, une pensée transatlantique ainsi qu’une coopération très positive entre l’Europe et l’Amérique. Même au sein de la politique de Washington, il est tout à fait clair que sans partenaire, sans coalition, rien ne peut fonctionner. Mais quel que soit le président des États-Unis :

L’Europe doit apporter une contribution bien plus grande à la sécurité de l’Europe qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent.

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ZDFheute : L’Europe pourrait-elle assumer les tâches assumées jusqu’à présent par les États-Unis ?

Badia : Il y aura toujours certaines capacités dans lesquelles les États-Unis disposeront d’un argument de vente unique. La question est de savoir si l’Europe parviendra à accroître ses capacités. Et il ne s’agit pas ici d’États individuels, mais des États européens au sein de la communauté.

Un très bon exemple est l’initiative européenne Sky Shield de l’Allemagne, le bouclier antimissile au-dessus de l’Allemagne et de toute l’Europe.

Ce sont ces initiatives dont l’Europe a besoin. Et bien sûr, l’Allemagne est un moteur très, très puissant dont nous avons besoin.

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ZDFheute : Comment est perçu aujourd’hui le « tournant » aux États-Unis et au sein de l’Alliance ? Quelles sont les attentes ?

Badia : Tout d’abord, la nouvelle ère a été accueillie de manière très, très positive. Le deuxième plus grand contributeur et la deuxième plus grande nation au sein de l’OTAN évolue exactement dans cette direction. Mais toutes les autres nations s’attendent à ce que cela soit durable. Il faut maintenir cette dynamique.

ZDFheute : Il existe également le scénario selon lequel les États-Unis quitteraient l’OTAN sous la présidence de Donald Trump.

Badia : Je ne pense pas que cela se produise. Car peu importe qui deviendra président des États-Unis, les gens connaissent la valeur de l’OTAN et connaîtront très bien la fiabilité qu’offre une telle alliance.

Si le grand partenaire américain devait partir – et je le répète très clairement, je ne m’attends pas à ce que cela se produise – il faudrait bien sûr mettre en place des mécanismes complètement différents pour pouvoir absorber cela. Ce serait très, très, très préjudiciable à l’OTAN et bien sûr au détriment de l’Europe si cela devait se produire. Et je ne peux que préconiser que nous fassions tout notre possible pour empêcher que cela ne se produise.

L’entretien a été réalisé par Ines Trams, correspondante de ZDF capitale.



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