Bruxelles veut simplifier la migration des travailleurs hors UE avec une nouvelle plateforme


Avec un nouveau « vivier de talents », la Commission européenne veut permettre aux pays de l’UE d’attirer plus facilement des travailleurs extra-européens. Mercredi, les commissaires européens Margaritis Schinas (Migration) et Ylva Johansson (Affaires intérieures) ont présenté le nouveau plan en réponse à la pénurie croissante de main-d’œuvre dans l’Union européenne. Schinas a parlé mercredi d’un “changeur de jeu” grâce auquel les lacunes du marché du travail européen pourraient être comblées.

Ce plan arrive à un moment critique pour les Pays-Bas, juste avant des élections au cours desquelles non seulement la migration d’asile est un thème important, mais la migration de travail est également problématique par de plus en plus de politiciens. Les Pays-Bas ont déjà critiqué à Bruxelles d’autres propositions qui devraient simplifier la migration légale vers l’UE.

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Dans le même temps, plusieurs autres pays de l’UE s’intéressent de plus en plus à une migration de main-d’œuvre plus facile, y compris en provenance de pays tiers. L’Italie et la Grèce ont récemment élargi les possibilités d’accès du personnel qualifié à leur marché du travail. L’Allemagne recherche également activement du personnel en dehors de l’UE.

À l’avenir, les États membres de l’UE pourront décider eux-mêmes s’ils participent au nouveau « EU Talent Pool », une plateforme sur laquelle les employeurs peuvent publier des offres d’emploi. Les demandeurs d’emploi originaires de pays tiers peuvent déposer leur CV au même endroit, après quoi un éventuel « match » peut avoir lieu. Des informations devraient également être mises à disposition sur la plateforme concernant la reconnaissance des diplômes, les permis de travail et les droits du travail.

Ce plan constitue une réponse à la pénurie croissante de travailleurs qualifiés dans l’Union européenne, qui va encore s’aggraver dans les années à venir en raison du vieillissement de la population. Le chômage en Europe est historiquement bas depuis un certain temps, à 6 pour cent, et les employeurs ont en moyenne environ 3 pour cent de leurs postes vacants non pourvus. Les Pays-Bas ont le plus grand nombre de postes vacants, avec 4,7 pour cent, suivis par la Belgique (4,6 pour cent) et l’Autriche (4,5 pour cent).

En outre, l’UE est confrontée à une transition énergétique majeure et doit réaliser des progrès significatifs en matière de numérisation. Selon la Commission, les deux transitions risquent d’échouer si de nouveaux personnels qualifiés ne sont pas attirés. Selon Bruxelles, les travailleurs européens ne peuvent pas combler les pénuries. Une plateforme permettant aux employeurs de partager les postes vacants au sein de l’UE existe déjà, mais doit maintenant être complétée par une variante mondiale.

Schinas a parlé mercredi d’une “course mondiale aux talents” à laquelle l’UE mène, entre autres, aux côtés des États-Unis et du Canada. Johansson a ajouté que l’UE « est actuellement en train de perdre » et qu’il est donc crucial de « montrer au monde à quel point nous sommes attractifs ». Dans le même temps, Bruxelles espère que la migration légale rendue possible par le projet dissuadera également les personnes extérieures à l’UE d’entreprendre un voyage migratoire souvent dangereux.

La Commission ne mentionne pas de chiffres, bien que Johansson ait indiqué lors d’une conférence de presse qu’il espère qu’environ 20 pour cent des besoins en travailleurs étrangers pourront être satisfaits grâce à la nouvelle plateforme. Dans le même temps, Johansson et Schinas ont souligné que les gens ne peuvent venir dans l’UE que si toutes les conditions d’emploi sont remplies et que les États membres de l’UE restent en fin de compte responsables de fournir les documents nécessaires – par exemple les permis de travail et la reconnaissance des diplômes. “Les gens ne viendront pas chercher un emploi : ce seront des gens avec des papiers correspondant à un poste vacant spécifique”, a déclaré Schinas.

Dans une première réponse à l’agence de presse ANP, la FNV s’est montrée extrêmement critique à l’égard de cette proposition. Selon le syndicat, ce projet est une « voie vers davantage d’exploitation » et ne fera qu’exacerber les problèmes de logement des travailleurs migrants.

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