Bruxelles parie que les tarifs sur les véhicules électriques chinois sont un encouragement et non un coup de poing


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Sam Lowe est associé chez Flint Global, où il conseille ses clients sur la politique commerciale du Royaume-Uni et de l’UE. Il est également chercheur invité principal au Kings College de Londres et dirige Nation la plus favoriséeune newsletter sur le commerce.

Plus tôt dans la journée, la Commission européenne annoncé les résultats provisoires de son enquête visant à déterminer si les véhicules électriques fabriqués en Chine bénéficient de subventions injustes et, si oui, s’il convient d’appliquer des droits de douane.

Tl;dr : oui et oui.

Comme le rapporte MainFT :

Bruxelles a déclaré que son enquête avait révélé que la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques était « fortement subventionnée en Chine et que les importations de produits chinois » [electric vehicles] présentait une menace de préjudice clairement prévisible et imminent pour l’industrie de l’UE ».

Il existe une version de cet article dans laquelle j’analyse les preuves de la DG Commerce et évalue si elles justifient les tarifs imposés.

Malheureusement, cette information n’a pas encore été publiée (la date limite de publication est le 4 juillet), nous devrons donc nous contenter pour l’instant des niveaux tarifaires globaux imposés.

Mais – tout d’abord – toute entreprise qui pense être concernée peut-elle s’assurer que la Commission européenne a correctement orthographié votre nom ?

Quant aux tarifs, ils se répartissent en trois catégories :

— les tarifs perçus sur les différents constructeurs/groupes automobiles échantillonnés dans le cadre de l’enquête (BYD, Geely et SAIC);
— d’autres sociétés ayant coopéré;
— toutes les autres sociétés.

BYD sera soumis au tarif le plus bas (17,4 pour cent), SAIC – propriétaire de la marque MG – et « toutes les autres sociétés » obtenant le tarif le plus élevé, à 38,1 pour cent.

Voir:

Selon le communiqué de presse, Tesla, qui exporte des véhicules vers l’UE depuis la Chine et qui était très ennuyé de ne pas être inclus dans l’échantillon initial, recevra désormais en temps utile une évaluation individuelle :

Quelques points à noter :

  • Le reportage sur cette histoire sera légèrement déroutant. Ces droits de douane s’ajoutent aux droits de douane standard de 10 pour cent de l’UE sur les voitures importées. Ainsi, le droit de 21 pour cent, par exemple, sur les « autres sociétés ayant coopéré » équivaut à un droit total de 31 pour cent (10 plus 21).

  • L’éventail des tarifs appliqués aux entreprises de l’échantillon est peut-être révélateur soit d’un large éventail de degrés de subvention de l’État (ou du moins de preuves d’une subvention de l’État), soit d’un large éventail de degrés de coopération de la part des entreprises concernées. Ou les deux. Nous ne le saurons pas avec certitude tant que la Commission européenne ne publiera pas plus de détails.

  • Ces tarifs sont haut, mais pas prohibitif, du moins pour les deux entreprises échantillonnées ayant un taux inférieur et celles du panier « autres entreprises ayant coopéré ». Mon interprétation est que ces mesures sont soigneusement calibrées pour offrir une protection supplémentaire aux producteurs de l’UE, sans trop contrarier la Chine. J’ai déjà écrit pour Alphaville au sujet des éventuels risques de représailles, et nous saurons bien assez tôt si l’UE réussit à éviter une réaction violente de la part de Pékin. En faveur de l’UE : ces droits de douane sont loin d’atteindre le niveau de ceux des États-Unis (102,5 pour cent plus l’exclusion des subventions de l’IRA).

  • Je m’attends à ce que des informations suggèrent bientôt que la Chine contestera ces droits de douane à l’OMC. Du point de vue de l’UE, ce serait un bien résultat. L’UE et la Chine sont parties à un accord appelé MPIA, ce qui permet essentiellement de mener à bien les différends malgré l’échec de la fonction officielle d’appel de l’OMC. Le pire serait que la Chine riposte en dehors des limites du droit commercial international.

  • Ce n’est pas la fin de l’histoire. Les entreprises concernées ont désormais le temps de commenter les conclusions. Les tarifs devront ensuite être rendus « définitifs » par les États membres de l’UE et auront jusqu’au début novembre pour le faire. Cette décision sera prise via QMV. Cela signifie qu’il est encore temps pour les États membres de constituer une coalition contre les tarifs douaniers, mais cela sera délicat. S’ils sont définitivement imposés, les tarifs durent généralement cinq ans.

  • Ces tarifs s’appliquent aux importations en provenance de Chine. Mais bon nombre de ces entreprises fabriquent également, ou envisagent de fabriquer, des véhicules ailleurs. Cela me porte à croire que, si ces droits de douane persistent, d’autres discussions auront lieu dans les années à venir sur le contournement des droits de douane et des pressions visant à étendre davantage le filet tarifaire.

Quoi qu’il en soit, en supposant que Louis me laisse [Ed: I accept bribes], je prévois d’y revenir pour Alphaville lorsque nous aurons plus d’informations. Surveillez cet endroit…



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