Bruxelles met fin au badigeonnage : les graffitis appartiennent au passé sur le Mont des Arts

Mathieu Michel pointe du doigt, car encore aujourd’hui la vue panoramique sur la ville basse attire de nombreux touristes. Ils sont confrontés à une séquence chaotique de balises.

« Le fait que les murs soient pleins de graffitis ici, au cœur de notre capitale, nuit à l’image de la Belgique. Le Mont des Arts est l’un des lieux les plus visités et emblématiques de Bruxelles et se doit d’être soigné et prestigieux. Aujourd’hui, nous nous débarrasserons des barbouilleurs une fois pour toutes.

C’est ainsi que jeudi dernier une entreprise spécialisée a commencé le nettoyage. Les façades de la Bibliothèque Royale, du Palais de la Dynastie et du restaurant du Château Moderne, ainsi que les statues d’Albert Ier et de la Reine Elisabeth, seront pulvérisées dans les prochaines semaines. Ce n’est pas la première fois. Ces dernières années, de telles campagnes de nettoyage ont été organisées régulièrement, mais les graffitis sont toujours revenus rapidement. Ce sera différent cette fois-ci, promet le secrétaire d’État.

« Le nettoyage d’aujourd’hui n’est pas isolé. Nous adoptons cette fois une approche systématique, car une fois que tout sera propre, nous procéderons à une inspection hebdomadaire pendant un an. Si de nouvelles balises apparaissent à l’avenir, elles seront immédiatement supprimées. C’est la grande différence avec les actions précédentes.

Dégâts

277 000 euros ont été mis à disposition pour le nettoyage. C’est un travail qui prend du temps, comme cela se voit également lorsque le premier pan de mur est abordé. Vêtu de vêtements de protection, un nettoyeur place un impressionnant pulvérisateur à pression sur un dessin mural. Au départ sans résultat visible : ce n’est qu’au bout d’un moment que la façade retrouve peu à peu son visage d’origine.

« Souvent, il y a plusieurs couches de graffitis les unes sur les autres », explique Stefan Bieseman, expert technique à la Regie der Gebouwen, le gestionnaire immobilier de l’État. « L’enlèvement prend donc un temps assez long. De plus, nous devons éviter d’endommager le bâtiment.

Cela a parfois mal tourné dans le passé, montre-t-il. Il y a des encoches dans la façade, parfois jusqu’à 2 centimètres de profondeur. Lorsque Bieseman passe sa main sur le mur, le sable est libéré.

« Le bâtiment porte un héritage des déménagements précédents. C’est pourquoi nous appliquons désormais également un revêtement anti-graffiti. Ceci peut être comparé à l’imperméabilisation du béton. C’est une sorte de couche protectrice qui empêche les graffitis de pénétrer profondément dans la roche. Cela facilitera grandement la suppression de nouveaux dessins muraux.

Bien que Bieseman espère que ce ne sera pas nécessaire. « Les contrôles hebdomadaires sont décourageants. Les graffeurs se rendent compte que leur travail est inutile, car chaque tag est parti au plus tard en une semaine. Non pas que j’ai quoi que ce soit contre les graffitis, remarquez. Cela peut être très agréable. Mais ça ne rentre tout simplement pas dans cet endroit.

Le secrétaire d’État Michel le souligne également. « Le graffiti est du street art, une discipline distincte de l’art, et à ce titre, je n’ai absolument aucun problème avec ça. »

Façade vierge

Il y a quelques années, il a même été décidé de l’autoriser de manière limitée sur le Mont des Arts. 60 mètres carrés de façade vierge ont été mis à disposition. L’espoir était que le reste de la zone resterait alors intact. Mais il s’est avéré que ce n’était pas le cas : les choses ont dégénéré et bientôt les dessins muraux se sont répandus dans les bâtiments environnants.

Michel : « L’expérience a échoué. Avec toutes les balises qui se chevauchent, cela ne ressemble plus à rien. L’art de la rue doit s’exprimer dans des lieux désignés à cet effet. Peut-être qu’il y a d’autres endroits à Bruxelles où le graffiti s’intègre bien, il faudra regarder ça. Mais cela ne s’applique certainement pas à l’emblématique Mont des Arts.



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