La Commission européenne lance une procédure d’infraction contre la Pologne. La raison en est la ratification d’une loi controversée qui crée une commission spéciale chargée d’enquêter sur les cas d’influence présumée de la Russie dans le pays. Bruxelles l’a annoncé jeudi. La Commission européenne craint que la nouvelle loi ne soit utilisée pour attaquer les politiciens de l’opposition à l’approche des élections législatives polonaises plus tard cette année.
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Fin mai, le président polonais Andrzej Duda du parti conservateur-nationaliste PiS a signé une loi autorisant une enquête sur les politiciens polonais prétendument sous influence russe. Si la commission d’enquête constate qu’un homme politique s’est laissé influencer, cette personne peut être interdite d’exercer ses fonctions pendant dix ans. La loi est très controversée et a conduit à une bataille acharnée entre partisans et opposants.
Selon l’opposition, la loi vise principalement à empêcher le chef de l’opposition Donald Tusk de participer aux élections cet automne. Tusk a longtemps été accusé de rendre la Pologne dépendante du gaz russe sous l’influence du Kremlin. Le parti au pouvoir PiS a annoncé que Tusk ferait l’objet d’une enquête par le « comité anti-influence ». Bruxelles et les États-Unis ont précédemment exprimé leurs inquiétudes concernant la nouvelle loi, que l’opposition appelle également «Lex Tusk» (Law Tusk).
Etat de droit polonais
La Commission européenne engage une procédure d’infraction lorsqu’un État membre n’applique pas la législation européenne. La Pologne a deux mois pour répondre aux accusations. Si l’État membre n’est pas d’accord avec la Commission ou refuse de s’adapter, l’affaire peut être renvoyée devant la Cour de justice de l’Union européenne. Si le tribunal décide que la Pologne ne respecte effectivement pas les règles, le pays pourrait faire face à des sanctions.
La Pologne et l’Union européenne ont des désaccords depuis un certain temps sur l’état de l’État de droit polonais. Selon la Commission européenne, le PiS sape l’État de droit depuis son arrivée au pouvoir en 2015.