Bruce Springsteen / Seuls les forts survivent


“Only the Strong Survive” a été l’un des albums les plus vendus de Noël, en particulier en Espagne, où il continue de planer autour du top 10 lors de la semaine de l’Epiphanie, après avoir été le top 2. C’est à quel point le public de Boss est fidèle, même exaltant ce qui semblait être un album de reprises anodin sorti sur le marché pour gagner un peu d’argent.

La vérité est que le lancement a ses attraits. Bruce Springsteen compile ici 15 de ses chansons soul préférées, ne représentant que le 2ème album de versions étrangères de toute sa discographie. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il y a eu un travail de documentation et une certaine profondeur, puisque l’artiste a renoncé à chanter les grands classiques du genre. Il n’y a pas assez d’humour dans sa carrière pour une version de ‘I’m Every Woman’, mais seul Noël aurait pu camoufler les pellicules qu’écoutent ses approximations à l’évidence comme «The Dock of the Bay» ou ‘I Say un peu’ aurait signifié Prière’.

L’album contient quelques adaptations d’artistes connus, mais rarement leurs plus grands succès. ‘Don’t Play That Song’ n’a pas survécu comme l’une des chansons les plus célèbres d’Aretha Franklin ou de Ben E. King -et l’original est magnifique- et ‘When She Was My Girl’ n’était pas non plus la plus populaire des Four Tops. Parmi les exceptions, le grand hit des Walker Brothers « The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore », qu’on excuse car c’est l’un des grands tubes de l’album ; ou les années quatre-vingt L’équipe de nuit du Commodorequi a eu le plaisir de coexister sur les listes des meilleurs de 1985 avec ‘Dancing in the Dark’ de Springsteen lui-même.

Mais la grâce de l’album est de faire découvrir des chansons perdues comme ‘Soul Days’ de Dobie Gray, à des figures comme Jerry Butler -qui apparaît jusqu’à 2 fois honoré-, à William Bell -qui aussi- ou des chansons aussi sublimes que ‘Do I Je t’aime’ de Frank Wilson. Écouter les chansons de Bruce Springsteen do Motown sorties en 1965 est une joie. L’artiste leur insuffle un autre type d’énergie, sa dose bien connue de production qui remplit les stades, ce qui est une avancée si l’on se souvient que son précédent album de couverture était ‘Nous vaincrons : les sessions Seeger‘ (2006). Le genre de record country que vous imaginez que les boursiers Grammy votent paresseusement depuis une chaise triste.

Plus tard, c’est vrai qu’un peu plus de passion de la part du producteur Ron Aniello et de l’ingénieur Rob Lebret aurait été appréciée, ici en mode pilote automatique et peu audacieux. Les chansons s’enchaînent sans frayeur mais aussi sans trop de punch. Vers la fin de la séquence, ‘7 Rooms of Gloom’ – qui n’est pas non plus le plus gros succès des Four Tops – rallume tout, mais ‘What Becomes of the Brokenhearted’ retombe déjà dans cette saveur de fin de disque qui avait été qui se profile depuis un certain temps, alors qu’il existe encore une version de plus des Suprêmes. Un bon album, bien que trop attaché à ses dates de sortie.



ttn-fr-64