Booking accuse les régulateurs européens d’agir illégalement en bloquant l’accord avec Etraveli


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Le site de voyage en ligne américain Booking Holdings a accusé les régulateurs européens d’avoir agi illégalement en bloquant son acquisition du groupe suédois Etraveli pour 1,63 milliard d’euros, car ils n’auraient pas démontré que l’accord obligerait ses concurrents à conclure.

Booking, dont la plus grande filiale est Booking.com, a annoncé en novembre 2021 son intention d’acquérir Etraveli, qui gère des marques telles que Gotogate et Mytrip et appartient au géant du capital-investissement CVC.

Bruxelles craint que l’acquisition par Booking de la société de vols uniquement n’augmente sa part de marché et n’étouffe la concurrence. Une décision officielle de bloquer l’accord est attendue dès lundi, selon trois personnes au courant de la décision.

Mais dans un document confidentiel envoyé aux organismes de surveillance de la concurrence du bloc et consulté par le Financial Times, la société a affirmé que l’accord favoriserait la concurrence et « promouvoirait le bien-être des consommateurs ».

Booking a accusé les responsables d’utiliser des faits « trompeurs » et « sélectifs » et a déclaré que les arguments de l’UE étaient « contraires à la fois à la réglementation européenne sur les fusions et à la jurisprudence établie ». Il a ajouté qu’il contesterait toute interdiction devant les tribunaux.

Le calcul des responsables d’une augmentation de la part de marché de Booking comprise entre 1 et 3 pour cent d’ici 2026 était « insignifiant » et peu susceptible d’entraîner un préjudice significatif à la concurrence, a déclaré Booking.

Il a affirmé que bloquer l’accord « ne serait pas seulement préjudiciable au [companies] et les consommateurs européens, mais cela laissera également les autres concurrents et acteurs du marché dans une situation pire qu’ils ne l’auraient été s’ils avaient pu profiter de la [concessions] proposé par Booking ».

En juillet, le FT a rapporté que Booking avait proposé d’offrir aux voyageurs ayant réservé un vol avec Etraveli des options d’hébergement au-delà de celles proposées par Booking pour apaiser les inquiétudes des responsables selon lesquelles l’entreprise n’offrirait que ses propres services d’hôtels et d’appartements parallèlement aux réservations de vols. Les régulateurs bruxellois craignent qu’une augmentation de la part de marché résultant de l’acquisition ne nuise non seulement aux concurrents, mais entraîne également une hausse des prix pour les consommateurs.

Mais ces concessions n’ont pas suffi à empêcher un veto.

Bien que l’accord soit bloqué, Booking a annoncé qu’il renouvellerait pour cinq ans l’accord commercial de quatre ans qu’il avait conclu avec Etraveli. Booking a fait valoir que même sans cet accord commercial, elle continuerait à accroître sa part de marché.

« Ce remède aurait eu un impact significatif sur la concurrence en donnant
hôtel rival [online travel agencies] […] un accès direct aux clients des vols de Booking et la possibilité de concourir pour de nouvelles affaires directement sur les plateformes, les pages Web et les applications mobiles de Booking », indique le document.

La Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, a refusé de commenter.

Ce n’est pas la seule OPA confrontée à des problèmes avec les régulateurs. Bruxelles examine également de près le projet d’achat par Orange de la société de télécommunications mobiles MasMovil, pour 19,6 milliards d’euros. Les préoccupations des responsables dans cette affaire proviennent de la réduction potentielle du nombre d’opérateurs sur le marché espagnol, craignant que cela n’entraîne une augmentation des prix et une diminution de l’innovation.

Un autre accord qui fait également l’objet d’un examen minutieux est celui du groupe de logiciels Adobe, qui a acquis pour 20 milliards de dollars la société de conception basée sur le cloud Figma, au motif que la consolidation pourrait nuire aux marchés.



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