Bon sang, c’est l’autre, Sartre le savait déjà Et ça ne se réalise nulle part comme sur un plateau de cinéma

Ewoud Ceulemans vise l’infini. Aujourd’hui: Irma Vépi

Ewoud Ceulemans16 juin 202217:00

« Je ne supporte pas les interactions avec les autres », déclare René Vidal (Vincent Macaigne) dans Irma Vépi† C’est un sacré handicap, note son psychologue, car René n’est-il pas réalisateur ? Et ne devriez-vous pas être constamment en interaction avec les autres ?

La nouvelle série HBO Irma Vépi, du réalisateur français Olivier Assayas, regorge de telles réflexions, au propre comme au figuré. C’est assez méta : c’est un remake du film du même nom qu’Assayas a réalisé en 1996, après quoi il a commencé une relation avec l’actrice principale chinoise Maggie Cheung. René Vidal a aussi dans les années 1990 Irma Vépi fait, et n’est toujours pas sur sa séparation avec l’actrice principale chinoise de ce film.

Ce film était aussi une parodie sur Les Vampires, un film policier de plus de sept heures réalisé en 1916 par le pionnier du cinéma français Louis Feuillade. Vidal veut faire un remake aussi fidèle que possible, et ses acteurs et son équipe montrent en permanence des extraits du film muet original – des extraits que les téléspectateurs de Irma Vépi voir aussi. Assayas semble parfois vouloir être trop intelligent, avec toutes les références cinématographiques et les trente-onze couches d’histoire cinématographique qu’il contient, mais ne nous entendez pas nous plaindre: cela se trouve manger pour les nerds du cinéma comme nous. De plus, la série ne devient jamais lourde : les personnages tordus du casting de Irma Vépi forme, se perdre dans un labyrinthe tragi-comique.

La grande puissance de Irma Vépi après tout, réside dans la vision satirique de l’industrie cinématographique et télévisuelle qu’est la série. Car non seulement René Vidal n’est pas doué pour interagir avec l’autre : tous les personnages de Irma Vépi est-ce. La série suit Mira Harberg (Alicia Vikander), une star de cinéma américaine qui est poussée par son agent vers des films de super-héros à succès, mais qui veut elle-même prendre une nouvelle direction. « Je n’ai pas besoin d’une chanson à succès », dit-elle, « juste un bon film. » Elle porte le bagage de deux relations ratées – l’une avec une ancienne co-star, l’autre avec un ancien assistant – et se fait aussitôt dire par son nouveau réalisateur qu’il a de « mauvaises nouvelles » pour elle, « parce que je ne suis jamais heureuse ».

Le bonheur est difficile à trouver sur un plateau de cinéma, il semble Irma Vépi vouloir dire. Les égos par contre ! Le protagoniste masculin Edmond Lagrange (Vincent Lacoste) estime qu’il n’est pas valorisé et a une interdiction de contact avec l’une de ses co-stars. L’acteur de théâtre allemand Gottfried von Schack (Lars Eidinger), quant à lui, a une dépendance au crack et remarquablement peu de respect pour les femmes. Les gens sont fous, les temps sont flousça sonne sur la bande son.

Et avec ces gens-là, Vidal veut livrer un chef-d’œuvre artistique, alors qu’il « ne tolère pas bien les interactions avec les autres » ? Beaucoup de plaisir. L’enfer, c’est les autresSartre le savait déjà, et cela n’est nulle part plus vrai que sur un plateau de tournage.

Maintenant sur Streamz.



ttn-fr-31